ET SI L’ON RESPECTAIT MIEUX LE SOMMEIL DES PATIENTS ? - L'Infirmière Magazine n° 297 du 15/03/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 297 du 15/03/2012

 

RÉANIMATION

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Les problématiques du sommeil et de la relaxation en réanimation ont été au cœur du dernier colloque de la Société de réanimation de langue française.

Le bruit des scopes et des réanimateurs, les visites, le travail des soignants, la lumière ou le grincement des portes… En service de réanimation, le cycle du sommeil des patients peut être perturbé pour diverses raisons. Désireux de réfléchir aux changements à apporter à leurs pratiques pour respecter au mieux le sommeil des enfants hospitalisés, des professionnels du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Femme Mère Enfant (HFME) de Lyon ont effectué, fin 2011, une enquête auprès des infirmières, des puéricultrices et des auxiliaires du service. Les propositions des soignants sont encore à l’étude ; cependant, parmi les avis recueillis, une idée majeure a émergé : tenter de regrouper les soins effectués par le personnel soignant afin de réduire le bruit. D’ores et déjà, les professionnels du service essaient de s’adapter aux besoins des petits patients, en remettant aux parents un livret dans lequel ils peuvent noter les habitudes de leur enfant, afin que le personnel puisse, autant que possible, s’y conformer dans le service. « Les soignants connaissent ainsi les habitudes des uns et des autres. Mais, parfois, nous nous laissons dépasser par l’exercice en réanimation, remarquent les infirmières du service Christelle Bonfils et Florence Denuzière. Il est donc nécessaire de sensibiliser régulièrement les professionnels. »

Adapter les soins

Une étude similaire, toujours en cours, est également menée par une équipe du service de réanimation adulte de l’hôpital du Plessis-Robinson (92). Son objectif est d’évaluer l’impact de la prise de conscience, par l’équipe soignante, de l’importance du sommeil en réanimation. Les premiers résultats mettent en évidence qu’outre les facteurs environnementaux (bruits, lumière, activité médicale…), des facteurs propres à chaque patient altèrent le sommeil – les médicaments, le stress, la douleur, ou la gravité de la pathologie. « Des cours de physiopathologie du sommeil ont été dispensés à l’équipe, expliquent Anne Lamy, Cécile Carrey et Alexandra Drozdzynski, infirmières du service. Certains membres étaient déjà sensibilisés à cette problématique, mais 52 % des soignants ont souligné que cela leur avait permis de prendre conscience qu’il est très important de respecter le sommeil des patients. » « Reste que l’organisation des soins n’est pas toujours adaptée au respect du sommeil, soulignent les infirmières, et que les médecins, notamment, sont parfois moins attentifs aux besoins des patients. »

Les professionnels du service ont donc élaboré et mis en place toute une série de bonnes pratiques : ne plus faire la toilette des patients entre minuit et 6 heures ; adapter les horaires des traitements au sommeil de chacun d’eux ; distribuer des masques et des bouchons d’oreille ; réduire le bruit des alarmes ; anticiper les soins ; ou encore, porter des surchaussures.

TOUCHER-MASSAGE

Apaisement et confiance

→ Deux infirmières en soins intensifs du CHU Mont Godinne à Namur, en Belgique, ont présenté, lors du colloque, leur expérience du toucher-massage, devenu élément quotidien de leur pratique. « Nous voulions apporter plus de douceur aux patients, ont expliqué Sylvie Bourguignon et Catherine Devreux. Les professionnels de santé doivent se rappeler qu’un patient alité est déraciné. » Les deux infirmières, après s’être formées, ont donc inclus ces soins de « bien-être » dans leurs pratiques de soins, effectuant des massages, lors des mobilisations des patients, au minimum trois fois par jour. Ces derniers apparaissent ensuite apaisés et moins anxieux, ont-elles constaté. « Cette pratique permet aussi d’instaurer un lien de confiance avec le patient, qui se confie davantage à nous, soulignent-elles. Et cela nous donne la satisfaction d’avoir pu apporter un geste doux, comme un contrepoids à la brutalité de certains traitements. » Si, dans un premier temps, Sylvie Bourguignon et Catherine Devreux étaient seules à offrir ce moment de bien-être, leurs collègues s’y sont peu à peu intéressées. Aujourd’hui, 60 % de l’équipe infirmière du service participe à ce type de soins.

L. M.