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POINT SUR
La listériose est une infection causée par une bactérie, Listeria monocytogenes, qui se transmet principalement par l’alimentation. C’est une pathologie rare mais qui peut être grave chez les femmes enceintes, les patients immunodéprimés, les personnes âgées et les nouveau-nés.
La listériose est une maladie à déclaration obligatoire en France due à Listeria monocytogenes, une bactérie couramment répandue dans l’environnement, principalement contaminé par les excrétats d’animaux (bovins, ovins, porcins, poulets peuvent héberger naturellement la bactérie). Il existe aussi des porteurs sains chez l’homme (la bactérie peut être retrouvée dans les selles). Listeria est responsable de gastro-entérites fébriles mais aussi, chez les patients dont les défenses immunitaires sont diminuées, d’atteintes du système nerveux central (méningites, méningo-encéphalites et, plus rarement, encéphalites et abcès du cerveau) et de septicémies. La maladie reste rare en France mais la mortalité est importante et les séquelles neurologiques également (voir infographie p. 32).
La contamination se fait essentiellement par voie digestive (très rares cas de transmission par voie cutanée chez les vétérinaires). Les aliments susceptibles d’être contaminés sont essentiellement les fromages au lait cru, la charcuterie, la viande hachée, les poissons fumés. Il n’y a pas de transmission inter-humaine. La survenue de cas groupés déclenche l’instauration d’une enquête afin de retrouver une éventuelle source commune de contamination.
Les populations à risque sont les sujets de plus de 65 ans, les femmes enceintes (notamment au cours du troisième trimestre de la grossesse) et les nouveau-nés, les patients immunodéprimés (patients transplantés ou atteints de maladies hépatiques ou d’un cancer, du sida, ou séropositifs au VIH, patients sous corticoïdes ou immunosuppresseurs…).
→ Chez le sujet sain (immunocompétent), l’infection peut passer inaperçue ou donner lieu à un tableau de gastro-entérite aiguë : fièvre, nausées, vomissements, diarrhée aqueuse, myalgies. La guérison est généralement spontanée en quelques jours.
→ Chez les patients présentant une immuno-déficience, la listériose se manifeste parfois par une gastro-entérite, mais ces patients risquent davantage de développer des formes graves de la maladie (formes invasives), en particulier une méningite (fièvre, céphalées, raideur de la nuque) ou une méningo-encéphalite (en plus des signes méningés, apparition de signes neurologiques : troubles de la conscience, convulsions…).
→ Chez la femme enceinte, l’infection se manifeste par un syndrome pseudo-grippal, des troubles digestifs, une fièvre isolée, ou reste asymptomatique. Elle peut guérir spontanément mais elle peut aussi être très grave pour l’enfant à naître : mort in utero, accouchement prématuré, infection néonatale (contamination transplacentaire ou, plus rarement, au moment de l’accouchement). À la naissance, il arrive que l’enfant présente des signes neurologiques, une détresse respiratoire, une cyanose. Les signes de l’infection peuvent aussi apparaître plus tardivement, dans les jours ou les semaines qui suivent l’accouchement.
Il repose sur l’isolement et la culture de la bactérie dans un liquide biologique.
→ Chez la femme enceinte, toute fièvre inexpliquée doit conduire à une hémoculture. L’examen du LCR (liquide céphalo-rachidien) s’impose devant des signes de méningite ou de septicémie. L’IRM est indiqué en cas d’atteinte neuro-méningée.
→ Chez le nouveau-né susceptible d’être contaminé, de nombreux prélèvements sont effectués (méconium, liquide gastrique, conduit auditif…). Un examen du placenta apporte aussi des éléments de diagnostic.
Elles justifient une hospitalisation et la mise en route d’une antibiothérapie. Celle-ci est d’autant plus efficace qu’elle est instaurée rapidement.
→ Le traitement de choix repose sur l’amoxicilline à forte dose (100 à 200 mg/kg/jour en intraveineuse, voire plus chez le nouveau-né dans les premiers jours du traitement). Dans les formes sévères ou septicémiques, l’association à un aminoside, la gentamycine (durant quelques jours seulement en raison de la toxicité rénale et auditive des aminosides) permet d’obtenir un effet bactéricide rapide. La durée recommandée du traitement est de 3 à 4 semaines.
→ Le cotrimoxazole (association sulfaméthoxazole-triméthoprime, Bactrim) ou la rifampicine sont habituellement recommandés en deuxième intention en cas de contre-indication aux pénicillines. L’association amoxicilline-cotrimoxazole est parfois utilisée pour les atteintes neuroméningées.
→ Chez un sujet sain, le traitement est uniquement symptomatique (antipyrétique, antiémétique, antidiarrhéique, antispasmodique). Pas d’antibiothérapie.
→ Chez un sujet immunodéprimé, un traitement par amoxicilline per os peut être proposé si les symptômes sont toujours présents au moment de la confirmation du diagnostic.
→ Chez la femme enceinte, une fièvre inexpliquée conduit à mettre en route une antibiothérapie orale par amoxicilline sans attendre les résultats des hémocultures. Si le diagnostic est confirmé, l’hospitalisation s’impose, et l’amoxicilline est administrée par voie injectable pendant 15 à 21 jours. Un relais par amoxicilline orale est parfois proposé jusqu’à l’accouchement.
La bactérie résiste au froid et à la congélation mais elle est sensible à la chaleur (après une cuisson de 30 minutes à 60 °C ou après une à deux minutes à ébullition). Elle est également sensible à un pH acide (les yaourts présentent moins de risque de contamination). En pratique, il est recommandé aux personnes à risque d’éviter la consommation des aliments suivants :
– fromages à pâte molle au lait cru et fromages rapés ;
– poissons fumés, coquillages crus, surimi, tarama… ;
– graines germées crues : graines de soja, luzerne…
Certains aliments cuits mais consommés en l’état (contamination après la cuisson) sont à risque : rillettes, pâtés, produits en gelée… Les aliments préemballés présentent moins de risques que ceux à la coupe. Il faut également penser à enlever systématiquement la croûte des fromages avant consommation, à laver soigneusement les fruits et les légumes mais aussi les herbes aromatiques (la bactérie est présente dans l’environnement, sur les plantes…), à cuire à point les viandes (notamment le steak haché) et les poissons. Les restes d’aliments, les plats cuisinés doivent systématiquement être réchauffés avant consommation. En parallèle, il convient de respecter les règles classiques d’hygiène alimentaire, valables pour tous.
Le respect de certaines règles d’hygiène lors de la préparation et de la conservation des aliments est essentiel pour limiter les infections alimentaires (listériose, salmonellose…).
→ Se laver les mains avant et après la manipulation des aliments. Nettoyer les ustensiles de cuisine et les plans de travail.
→ Nettoyer régulièrement le réfrigérateur (à l’eau savonneuse, puis en rinçant avec de l’eau légèrement javellisée).
→ Veiller à ce que la température du réfrigérateur ne dépasse pas 4 °C et conserver dans tous les cas la viande, les poissons, les préparations renfermant des œufs crus (mayonnaise) dans la zone la plus froide.
→ Respecter les dates limites de consommation. En règle générale, un aliment préparé (au domicile ou chez un traiteur…) ne doit pas être conservé trop longtemps (pas plus de 3 jours).
→ Conserver les aliments séparément les uns des autres pour éviter les contaminations croisées, et les recouvrir d’un film alimentaire.
→ Institut national de veille sanitaire, www.invs.sante.fr Onglets :
« Dossier thématique », « Maladies infectieuses », « Maladies à déclaration obligatoire ».
→ Institut Pasteur, www.pasteur.fr Fiche « Listériose », onglet « Maladies étudiées ».
→ Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnementet du travail, www.anses.fr