L'infirmière Magazine n° 297 du 15/03/2012

 

ÉDITORIAL

Tout ça pour ça. Tel est le sentiment éprouvé par l’ensemble des acteurs du champ de la psychiatrie à l’égard du nouveau plan psychiatrie et santé mentale 2011-2015 (voir article p. 6). Les attentes étaient de taille, la déception d’autant plus grande. Les recommandations émanant du rapport d’Édouard Couty, en janvier 2009, devaient servir de canevas à ce deuxième plan. On s’attendait à une rénovation de la politique de secteur autour de trois niveaux : un niveau de proximité, un niveau du territoire de santé qui assure l’hospitalisation, et un niveau régional ou interrégional d’expertise. On espérait un budget adapté à des mesures ambitieuses venant donner un nouveau souffle à un secteur en crise depuis de nombreuses années. On imaginait déjà une reconnaissance du travail infirmier en psychiatrie grâce à un diplôme d’infirmier spécialisé. On rêvait de dispositions audacieuces, reconnaissant l’importance des CMP, des CATTP, pour assurer la continuité de la prise en charge des patients au plus près de chez eux. D’un plan reconnaissant la spécificité de la psychiatrie infanto-juvénile. On a eu droit à un plan-catalogue constitué d’orientations molles, dont le budget est à la hauteur de l’engagement de l’État : pas un centime d’euro pour la psychiatrie, qui est pourtant le parent ­pauvre de la santé… Un plan de plus, qui va venir grossir la pile aujourd’hui monumentale de rapports et autres dossiers constatant la crise de ce secteur. Bref, une déception de plus. Psychiatrie et santé mentale ne sont-elles bonnes qu’à alimenter les colonnes des journaux et le discours sécuritaire d’un président en quête de reconnaissance médiatique ?