ÉDITORIAL
Cherchez l’erreur. L’an dernier, la direction de l’AP-HP expérimentait dans plusieurs établissements un tarif journalier de 45 euros pour des chambres individuelles, afin d’accroître ses recettes. Aujourd’hui, on découvre que les malades sont parfois contraints de venir se faire soigner les bras chargés de draps et de couvertures ! Bientôt un luxe qu’il faudra payer ? On a peine à croire que cette grande maison, qui reste une référence en matière d’innovation médicale, de prise en charge en France et à l’étranger, puisse donner l’image d’un parent pauvre du monde hospitalier. La logique de la rentabilité décriée par le corps médical, les paramédicaux et le personnel administratif révèle chaque jour un peu plus ses failles. Elle confine à la mesquinerie avec la suppression annoncée de la défiscalisation de la mutuelle des personnels de l’AP-HP, un acquis de 1951. Le plus douloureux peut-être, outre la remise en cause de l’offre et de la qualité des soins, de la notion de service public, c’est, pour les soignants, le peu de concertation avec les décisionnaires, à l’heure où l’on parle de démocratie sanitaire, lors des restructurations (lire p. 7 ). Ils ont pourtant des idées à revendre pour améliorer le fonctionnement des services de soins (lire la très bonne synthèse de Vincent Kaufmann, IDE, p. 28).
Les effets d’une telle politique sont, à plus long terme, dramatiques. Les infirmières encore attachées au service public risquent de ne plus avoir envie de se battre. Convaincre les nouvelles générations de diplômées de faire carrière à l’hôpital va devenir un exercice improbable. Les opérations séduction à l’exemple de celle menée par les Hospices civils de Lyon
* Prime d’embauche de 2 000 euros pour les IDE qui s’engagent pour 2 ans avant la fin avril 2012, entre autres.