L'infirmière Magazine n° 298 du 01/04/2012

 

RESTRUCTURATIONS

ACTUALITÉ

Quelque 400 membres de l’AP-HP se sont rassemblés le 20 mars devant le siège de l’institution, pour dénoncer les restructurations en cours.

Les outils c’est bien. Avec du personnel, c’est mieux ! » Le 20 mars dernier, ce slogan s’étalait en lettres capitales sur l’une des banderoles épinglées sur les murs du siège de l’AP-HP. Ce jour-là, à l’appel d’une intersyndicale (Usap-CGT, Sud, FO et CFTC), quelque 400 membres du personnel de l’institution hospitalière parisienne s’étaient rassemblés pour protester, notamment, contre les restructurations en cours dans les hôpitaux publics parisiens.

« Non au démantèlement du siège de l’Hôtel-Dieu », « non au transfert du service de pneumologie de Saint-Antoine vers Tenon », « non à la suppression du service de neurologie de l’hôpital Beaujon »… Énoncée au micro, la litanie des doléances des personnels soignants et administratifs présents a rythmé la manifestation. « Nous pouvons comprendre que la logique des soignants et celle de la direction ne soient pas les mêmes. Nous ne nions pas les problématiques économiques auxquelles est confronté l’hôpital public. Mais nous ne pouvons accepter des restructurations qui se font à l’encontre des besoins de santé de la population, et sans même impliquer et informer les équipes », explique Morgane Toubon, infirmière en pneumologie à Saint-Antoine. Pour protester contre ce qu’elle juge inacceptable – son transfert vers l’hôpital Tenon – l’équipe, soignante et médicale, du service pneumologie de Saint-Antoine est d’ailleurs en grève reconductible depuis… le 31 novembre dernier.

Les manifestants protestaient également contre la suppression annoncée de certains de leurs acquis sociaux, et notamment sur la fin de la défiscalisation de la mutuelle des personnels de l’AP-HP, voulue par la direction. « Il n’est pas évident de mobiliser sur ce sujet, car rares sont ceux qui savent que l’AP-HP finance une partie de la mutuelle de ses personnels. Mais, pour nous, c’est inadmissible. C’est la remise en cause d’un acquis de 1951. Certes, ce sont de petites sommes qui sont en jeu – cinq, dix euros par mois, mais, à la fin de l’année, et vu nos salaires moyens, cela compte ! », expliquait Dimitri Boibessot, délégué FO et infirmier aux urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), où l’équipe soignante est en grève depuis début mars pour protester contre le manque de lits.

Absence de dialogue

En fin de matinée, des représentants du personnel ont été reçus par la direction. L’entrevue a duré plus de deux heures, mais les syndicalistes et les personnels conviés sont ressortis déçus. « C’est un peu un dialogue de sourds. On nous propose des réunions sur des restructurations qui ont déjà eu lieu, et aucun engagement de discussion n’a été pris », confiait Dimitri Boibessot. Du côté de la direction, tout en reconnaissant que les instances du personnel n’avaient pas été suffisamment informées lors de certaines restructurations passées, le directeur des ressources humaines de l’AP-HP, Christian Poimboeuf, a affirmé avoir désormais « modifié le dispositif. Nous avons fait en sorte de réunir la direction de la politique médicale, la direction des finances, pour qu’elles expliquent le sens des restructurations. » Au sortir de cette journée, l’intersyndicale de l’AP-HP entendait se réunir à nouveau, pour décider des suites à donner au mouvement.