L'infirmière Magazine n° 298 du 01/04/2012

 

ORDRE NATIONAL INFIRMIER

ACTUALITÉ

Si la journée nationale contre les ordres paramédicaux et de soutien au syndicat Résilience, convoqué devant le tribunal, a peu mobilisé, l’Oni a plus que jamais brillé par son absence.

Il n’y avait pas foule à l’ombre de la Victoire qui surplombe, au cœur de la capitale, la petite place du Châtelet, face à l’imposant palais de justice. À la mi-journée, on peinait davantage à compter les policiers que les manifestants. Qu’importe pour les organisateurs, puisque le rassemblement avait avant tout valeur de symbole. Banderoles tendues affichant le refus de la profession d’un ordre infirmier, la troupe, toute de blanc vêtue, s’est donc réunie en ce premier jour de printemps. En soutien au syndicat Résilience et à son secrétaire général, Hugues Dechilly, qui devaient se présenter devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance à 14 h, suite à l’assignation formée par l’Oni en janvier dernier. Ce dernier leur reproche des injures publiques à son encontre, ainsi qu’à celle de ses membres.

Le Codi (le contre-ordre des infirmiers), groupe historique de la lutte contre l’ordre, était de la partie. « Nous sommes contre l’ordre infirmier tel qu’il a été créé ; nous militons pour la création d’une instance qui regroupe l’ensemble des professionnels de santé mais également des citoyens. Et, aujourd’hui, je défie l’Ordre de m’attaquer pour exercice illégal de la profession car, évidemment, je ne suis pas inscrit au tableau et refuse de payer une quelconque cotisation ! », déclare Christian Lacault, animateur et porte-parole du Codi. D’autres paramédicaux, tel Alize, syndicat des kinésithérapeutes, s’étaient joints à l’action, soutenue par Sud santé-sociaux, pour manifester leur refus d’être soumis à un ordre professionnel. Marginale dans le paysage anti-ordiste, Hélène, pharmacienne à Marseille, avait également fait le déplacement. « À part jouer les censeurs et nous faire payer des cotisations, les ordres ne servent à rien », insiste-t-elle.

Sur le pont

Vers 13 h 30, Hugues Dechilly et une petite délégation ont enjambé la Seine pour rejoindre le palais de justice. Cette première audience « technique » avait pour but d’arrêter la date de l’audience et le montant de la consignation dont devra s’acquitter l’Oni pour poursuivre la procédure. Résilience et son secrétaire général accompagnaient leur défenseur, mais, côté Oni, seul l’avocat était présent. Une absence remarquée par le juge. Même si ce n’est pas formellement nécessaire, il est de bon ton de se présenter devant le juge quand on est demandeur. Après de brefs échanges, la date d’audience pour examiner le dossier au fond a été fixée au 19 mars… 2013. « D’ici là, l’Ordre sera mort », s’est réjoui Hugues Dechilly. « Et sa banque l’aura mis à la rue ! », a renchéri un infirmier contre-ordiste. C’est mal parti pour une conciliation…