DOSSIER
Comme le souligne la HAS
En service de rhumatologie, l’infirmière intervient pour assurer les perfusions ou pour évaluer l’évolution de la maladie, une prise en charge antalgique ou la mise en place d’un nouveau traitement de fond.
La gestion de la douleur chronique fait l’objet d’une attention particulière, pour l’optimisation des moyens médicamenteux et techniques disponibles (utilisation de packs de glace, positions antalgiques, orthèses de repos, aide aux gestes difficiles tant que la douleur est trop forte). L’infirmière peut apporter aux personnes semi-autonomes une aide à l’hygiène ou à la prise du repas, en lien avec le kinésithérapeute et l’ergothérapeute. Pour les patients bénéficiant d’un traitement de fond en sous-cutané (biothérapies/anticorps monoclonaux), l’infirmière doit également assurer la formation à la pratique des auto-injections. Quel que soit leur mode d’administration, les traitements de fond de la polyarthrite rhumatoïde agissent sur l’immunité et rendent les patients beaucoup plus fragiles aux infections. Il s’agit d’un effet secondaire majeur des traitements, pour lequel l’infirmière a un rôle éducatif à jouer afin de sensibiliser le patient à la prévention des infections (vaccinations à jour, notamment) et de lui apprendre la conduite à tenir au moindre signe d’alerte (arrêter impérativement les injections pour ne pas aggraver l’immunodépression, voir le médecin en urgence, prendre des antibiotiques durant 7 jours, reprendre les injections si tout va bien…).
L’infirmière accompagne aussi le patient dans la mise en place des stratégies d’adaptation qui doivent lui permettre d’être le plus autonome possible. Ces stratégies reposent sur la connaissance et la compréhension de la maladie, de ses traitements et de leurs effets secondaires évoqués précédemment, mais aussi sur l’acquisition des gestes favorisant la protection articulaire, le maintien de l’activité physique, la prévention des complications évitables, l’observance d’une alimentation équilibrée et la gestion quotidienne des problèmes occasionnés par la maladie. Tous ces éléments peuvent être supervisés par les infirmières des services, mais ils peuvent aussi faire l’objet d’une prise en charge spécifique sous forme de programmes d’éducation thérapeutique (ETP) qui cibleront les besoins d’apprentissage du patient à l’issue d’un diagnostic éducatif. Le programme d’ET est coordonné par l’infirmière mais implique une équipe pluri-disciplinaire idéalement composée d’un médecin, d’un kinésithérapeute (maintenir et renforcer l’activité physique), d’un ergothérapeute (faciliter les gestes de la vie quotidienne), d’une diététicienne, d’un psychologue et d’une infirmière (gérer la maladie au quotidien). Le programme éducatif est réalisé sous forme d’ateliers de groupe pour les objectifs communs, ou de consultations individuelles pour les objectifs spécifiques.
1– « Polyarthrite rhumatoïde évolutive grave », Guide médecin – Affection de longue durée HAS – Avril 2008.
« Comme recommandé par la HAS (voir « Savoir + », p. 37), les ateliers thérapeutiques accordent une très grande place à l’activité physique et à l’alimentation, explique Christian L’Amour, infirmier d’ETP dans le service de rhumatologie du Pr Fautrel (hôpital de la Pitié-Salpétrière). Contrairement aux idées reçues, une mobilisation des articulations bien dosée permet le renforcement musculaire de l’articulation, d’éviter l’ankylose et de calmer les douleurs. L’apprentissage pris en charge en séances collectives par un kinésithérapeute vise à redonner une motivation. »
→ De la même manière, la diététicienne interviendra pour compléter en pratique l’éducation en matière d’alimentation. « Les risques potentiels liés aux rhumatismes inflammatoires chroniques en matière alimentaire sont essentiellement l’apparition des maladies cardio-vasculaires et l’ostéoporose, poursuit l’infirmier. L’atelier diététique permet, notamment, de faire le point sur les idées reçues telles que le rôle imputé à la protéine de lait comme facteur favorisant la polyarthrite rhumatoïde. Ainsi, beaucoup de patients ont supprimé les produits laitiers de leur alimentation, et cette déficience en apport calcique majore les risques d’ostéoporose. » Or, les études réalisées sur ce sujet n’ont rien prouvé, ni dans un sens ni dans l’autre.
→ Enfin, pour les personnes qui prennent des corticoïdes à haute dose (> 10 mg par jour), il est important de les sensibiliser au sujet de la consommation de sel et de sucre en raison du risque de rétention hydrosodée et de dérèglement des métabolismes (glucides, lipides et protides), notamment de diabète induit par la corticothérapie.