AP-HM
ACTUALITÉ
Un conflit social secoue l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille depuis le 22 mars. Le paiement d’une prime de service mis en balance avec celui des astreintes soulève la colère des syndicats.
Le conflit qui tourmente l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) semble loin de s’apaiser. Tout a commencé le jeudi 22 mars, lorsque la direction décide d’utiliser une partie de la prime de service pour régler la facture des astreintes impayées, soit un montant de 700 000 euros. Les quatre syndicats maison (FO, CGT, CFDT et CNI) lancent alors un appel illimité à la grève. Ils réclament le paiement intégral du reliquat de la prime qui, selon leurs calculs, devait être versé à 11 000 agents au mois d’avril et non uniquement aux 600 agents concernés par les astreintes.
Une semaine plus tard, le mouvement se durcit : sept directeurs et un agent de l’ARS sont séquestrés durant plusieurs heures jusqu’à l’intervention de la police. Un inspecteur général des affaires sociales (Igas) est finalement dépêché sur place. À son arrivée, mardi 3 avril, quelque 500 agents tiennent un sit-in au siège de l’AP-HM. L’occasion de suivre en direct les négociations qui se déroulent entre la direction générale, l’Igas et les syndicats.
Dans le hall, les esprits s’échauffent. Les messages scandés annoncent un climat hostile au directeur général. « Segade, mutation ! », crient les manifestants. Après trois heures de discussion, l’intersyndicale reste insatisfaite. « Nous avons pris la décision de bloquer la facturation sur les différents sites, sans pénaliser les patients », prévient-elle par communiqué. La menace a été mise à exécution dès le lendemain aux centres d’encaissement de l’hôpital de la Conception.
De son côté, la direction estime avoir « avancé » en promettant le « versement compensatoire, sur la paie d’avril, de 80 euros pour tous les agents ». Ce « tour de passe-passe » ne suffit cependant pas à calmer la colère syndicale. « C’est une avance sur 2012, rétorque Jean-Marie Douville, délégué CGT. Nous voulons que chacun touche ce qui lui est dû au titre de 2011 ! »
En toile de fond, demeurent en effet plusieurs controverses. Les revendications syndicales ne se bornent pas au paiement intégral de la prime de service. Elles portent également sur la suppression de la prime de présentéisme. « C’est une triple peine, commente Éric Audouy, délégué CNI. Elle vient s’ajouter à deux autres pénalités. Car les agents qui manquent un jour de travail subissent les jours de carence et le retrait sur salaire de 1/140e par jour d’absence. » Une réclamation supplémentaire vient durcir le conflit : le paiement des jours de grève. Seul ce dernier point semble à l’étude au niveau de la direction générale. « La prime de présentéisme a été votée en comité technique d’établissement », rappelle Bastien Ripert, chef de cabinet du directeur général.
Reste un dernier sujet de discorde : les astreintes. « L’argent a été provisionné, assure Bastien Ripert. Mais, depuis le 1er juillet 2011, le receveur a cessé de les payer pour des problèmes de légalité soulevés par la chambre régionale des comptes. » Et pour cause : un décret datant de 2002 n’a jamais été appliqué à l’AP-HM. Les primes d’astreinte ne doivent, ainsi, plus dépasser le seuil de 17 % du salaire. Régulièrement amenée à recourir à ce système, la direction de l’AP-HM ne sait donc plus comment rémunérer les agents concernés. « Le représentant de l’Igas est présent jusqu’en juillet pour nous aider à trouver une solution juridique », précise la direction. À voir si, d’ici là, les infirmières de bloc et autres soignants des services concernés suivront le mot d’ordre syndical, qui les appelle à cesser les astreintes…
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