L'infirmière Magazine n° 299 du 15/05/2012

 

SORTIE D’HÔPITAL

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES…ÉTABLISSEMENTS

L’hôpital Avicenne de Paris s’est attaqué au problème des retards dans l’envoi des comptes rendus hospitaliers au médecin traitant. Mission : clarifier les responsabilités de chacun et préparer la sortie des patients dès leur entrée dans l’établissement.

Trop souvent, c’est avec retard que le le compte rendu hospitalier parvient au médecin référent du patient; il arrive même qu’il soit perdu en chemin. À Paris, l’hôpital Avicenne, site pilote de l’AP-HP en la matière, s’est attaqué à ce problème et tente, depuis début 2011, de faciliter la sortie des patients. Amélioration des comptes rendus et meilleure information des usagers à travers l’élaboration d’une pochette de sortie et la mise en place d’entretiens de sortie, expérimentés dans d’autres sites pilotes, sont au centre des préoccupations.

Comité de pilotage

Lors de la précédente certification de l’établissement, une évaluation des pratiques professionnelles avait déjà porté sur le compte rendu hospitalier au sein d’un pôle médical. Dans le cadre du chantier de l’AP-HP, un comité de pilotage a été mis en place. L’objectif est de réduire à huit jours le délai d’envoi du document au médecin traitant. Pour y parvenir, six services ont été observés à la loupe dans le but de mettre à plat le processus d’élaboration du compte rendu. Verdict : le manque de temps des personnels n’est pas seul en cause. « Les professionnels mettent régulièrement en avant le manque d’heures allouées au secrétariat pour expliquer les retards, mais je ne suis pas sûre que cet élément soit décisif », explique Catherine Vogler, cadre expert animant le comité de pilotage. Pour cette dernière, tout passe par « une bonne orchestration ». « C’est en définissant clairement les responsabilités de chacun que l’on parvient à mettre en place dans un service les automatismes nécessaires », affirme-t-elle. Or, les études ont montré que les personnes responsables du suivi du compte rendu n’étaient pas les mêmes selon les services. La tâche est assumée tantôt par les chefs de service, tantôt par les secrétaires. Cette organisation sera donc clarifiée.

Traçabilité

Si de bonnes habitudes ont été prises pour les comptes rendus opératoires, rédigés juste après l’intervention, la rédaction du document relatif aux séjours médicaux est plus complexe à réaliser et peut traîner en longueur à mesure que les examens et les diagnostics s’enchaînent. En la matière, la traçabilité s’avère donc indispensable. « Au cours de ces études, nous avons notamment repéré des faiblesses au niveau de l’articulation du travail des secrétaires et des internes, explique Sylvie Lariven, directrice de la qualité, de la gestion des risques et des droits des patients au sein de l’établissement. Les internes qui arrivent sont parfois démunis. Il apparaît important de prévoir des formations pour les aider à mieux s’intégrer dans ce processus. » Ces premiers travaux ont permis un meilleur délai d’envoi du compte rendu et entraîné une prise de conscience générale de son importance. L’enjeu sera désormais d’anticiper la sortie du patient. Selon Catherine Vogler, « il est nécessaire de pouvoir prendre en compte le diagnostic possible, le cadre de vie du patient, son projet de sortie et les difficultés qui peuvent se profiler pour une prise en charge en aval ». Un recueil d’informations qui serait élaboré dès l’entrée du patient dans l’établissement et qui pourrait être réalisé par une infirmière. La cadre expert estime, en effet, que « de par leur proximité avec les patients, les infirmières sont les mieux placées pour démarrer cette étude ». « Elles se sont laissé déposséder de beaucoup de choses. Pour le moment, ce champ n’est pas encore investi. Il y a une place à prendre pour elles, quitte à développer une expertise », poursuit-elle. On peut, ainsi, facilement imaginer que le dossier de soins soit enrichi de ces éléments relatifs à la sortie du patient. Une opportunité à ne pas perdre de vue.