L’AVENIR DE LA PROFESSION
DOSSIER
Si les candidats souhaitent tous initier un regain d’intérêt pour le métier d’infirmière, ils ne sont pas unanimes sur les moyens d’y parvenir.
Seuls trois conseillers de candidats ont répondu à nos questions pour s’exprimer sur l’avenir de la profession infirmière en France pendant le prochain quinquennat. Les réponses ne permettent malheureusement pas toujours de dégager une forte implication envers la profession.
Pour Philippe Juvin (UMP), « le soutien aux infirmiers a été l’une des priorités de ce quinquennat », et il ne reste donc pas grand-chose à faire après la réforme LMD et le passage en catégorie A accompagné d’une revalorisation. Pour les cinq prochaines années, il se dit favorable à la création de « passerelles entre les différentes professions paramédicales comme entre les professions médicales et paramédicales », et se montre persuadé que « l’instauration de nouvelles missions et la possibilité de confier davantage de responsabilités aux infirmiers permettront de compléter ce regain d’intérêt [pour la profession] » et, ainsi, de parer aux éventuelles pénuries de personnel. Geneviève Darrieussecq (MoDem) souhaite également ce transfert de compétences : « Dans un système de soins en réseau, le rôle des infirmières sera primordial et évoluera, avec de nouvelles responsabilités, en termes, par exemple, de prévention, de prise en charge des pathologies chroniques. La formation devra être adaptée à ces évolutions. » Pour recruter plus d’infirmières, elle veut « faciliter l’évolution de carrière des aides-soignantes vers le métier d’infirmière ». Enfin, à l’évocation d’une possible revalorisation des salaires, la conseillère MoDem préfère mettre en garde contre toute « promesse intenable et irresponsable », avant de préciser, toutefois, que « la prise en charge de missions et de responsabilités nouvelles passera forcément par une réévaluation de la rémunération ».
Pour Joëlle Melin (FN), les honoraires des infirmières devraient être revalorisés, afin de reconnaître la pénibilité du métier et d’attirer des personnels. Il s’agit de « relâcher totalement le numerus clausus pendant quatre ans, période nécessaire pour former une nouvelle génération d’infirmières. Il conviendra aussi d’alléger les charges administratives et de revaloriser les honoraires pour “ré-attirer” des infirmières diplômées d’État qui auraient prématurément quitté la profession ».
En revanche, Marine Le Pen montre une opposition au principe des transferts de tâches prévu par l’article 51 de la loi HPST, qui, selon sa conseillère, « porte en lui le germe de l’implosion des métiers de santé. Toutes les professions de santé, libérales ou hospitalières, doivent se recentrer sur leur cœur de métier et non être l’objet “d’hybridation” professionnelle. Si les infirmières peuvent éventuellement bénéficier de nouvelles tâches […], toutes ces nouvelles prérogatives feront l’objet d’une formation complète et d’une évaluation par un diplôme de compétences spécifiques ». Dans leurs programmes ou discours, François Hollande et Eva Joly se prononcent pour les transferts de compétences en faveur des infirmières, et les quatre candidats de gauche envisagent de renforcer les moyens en personnel de l’hôpital public. Enfin, François Hollande promet une grande négociation à l’hôpital, dont les infirmières seraient, naturellement, partie prenante.