L'infirmière Magazine n° 299 du 15/05/2012

 

MAISONS ET PÔLES DE SANTÉ

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Au sein des MPS, un partage accru des données entre médecins et infirmières permet d’améliorer la prise en charge des patients. Un processus qui reste à développer.

Au pôle de santé du Pays des Vans, en Ardèche, médecins et infirmières travaillent main dans la main pour une meilleure prise en charge des patients. Tout est parti d’un constat, dressé par le docteur Francis Pellet, généraliste à la maison de santé pluridisciplinaire (MSP) : « Je me suis rendu compte que la connaissance des médecins sur le métier d’infirmier est tronquée par notre système pyramidal », a expliqué le praticien lors des Journées de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS), qui se sont déroulées les 30 et 31 mars derniers, à Paris.

« Les médecins ont une approche organo-centrée, et nous sommes conditionnés par cette culture », a-t-il affirmé. Or, à son avis, dans leur pratique, les infirmières ont un savoir qui peut énormément apporter aux praticiens. Elles sont en effet à l’aise pour assurer un soutien social aux familles et aux patients, et pour veiller à ce que ces derniers aient une bonne qualité de vie et prennent du repos. « En quinze minutes de consultation, le médecin ne peut pas parler de ces problématiques avec les patients, alors que les infirmières le font très bien », a assuré le généraliste.

Raisonnement clinique

Des compétences qui sont d’autant plus précieuses dans le cadre de la prise en charge des maladies chroniques, bien plus complexes que les maladies aiguës, et qui nécessitent d’être accompagnées par une équipe « empathique ».

Les professionnels de la MSP ont donc instauré, en mars 2011, des consultations infirmières, menées par un infirmier ayant suivi une formation complémentaire en éducation thérapeutique. « Ainsi, dans notre MSP, le médecin traitant formule la prescription, et l’infirmier intervient dans la phase thérapeutique du raisonnement clinique », a exposé Francis Pellet. L’infirmier clinicien évalue les connaissances du patient sur sa maladie, sa capacité à la comprendre, les répercussions de la pathologie dans la vie du malade et sur ses projets. Ces consultations infirmières se déroulent dans le cadre de la prévention des risques cardio-vasculaires, l’éducation thérapeutique du patient, la promotion de la santé, la santé publique ou encore la coordination. Le recueil de ces données est ensuite partagé entre les professionnels du premier recours pour une meilleure prise en charge des patients.

Cependant, la structure peine à financer son action et souhaite « dénoncer cette timidité que l’on a, en France, à développer ce type de projets alors qu’ils sont déjà mis en place dans d’autres pays comme le Canada ou la Belgique », a déploré le médecin.