L'infirmière Magazine n° 301 du 15/05/2012

 

CORSE

ACTUALITÉ

Ces dernières semaines, les centres hospitaliers de Bastia et d’Ajaccio ont été secoués par des conflits sociaux.

Vingt ans qu’ils attendent une restructuration, en vain ! Le 10 avril, à bout, le personnel du service des urgences de Bastia a entamé une grève qui se voulait illimitée. Tout en continuant à assurer les soins, il entendait protester contre des locaux inadaptés et un manque de moyens humains qui rendent les conditions de travail difficiles et qui conduisent à une situation de « maltraitance des patients ». « Ils sont entassés sur des civières pendant des heures. Encore récemment, un malade a passé 25 heures sur un brancard en attendant d’avoir un lit dans une chambre. La salle d’attente est toujours aussi étroite, et les tensions sont de plus en plus vives. Des infirmiers sont agressés tous les jours par des familles excédées par les délais d’attente », témoigne Josette Risterucci, secrétaire CGT de l’hôpital de Falconaja. Si le mouvement de grève a finalement été suspendu, le 3 mai, les syndicalistes affirment rester « vigilants ». La CGT attend en effet l’application d’un protocole précisant toutes les avancées négociées avec l’ARS(1).

350 000 euros débloqués

« Nous avons obtenu le financement d’un demi-poste de praticien hospitalier pour les consultations et d’un poste d’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) 24 heures sur 24 ; la mise en place d’une commission pour la gestion des lits ; et un protocole pour la prise en charge des spécialités, détaille la responsable syndicale, également élue territoriale. L’ARS débloque plus de 350 000 euros ».

S’ajoute à cela le soutien manifesté par l’Assemblée de Corse lors d’une séance plénière, le 27 avril. « Elle a voté une motion à l’unanimité », se félicite Josette Risterucci. Dans ce texte, soumis par la secrétaire CGT elle-même, la collectivité « demande le retrait du contrat de retour à l’équilibre financier (Cref) ». Signé en 2010 pour une période de quatre ans, ce texte prévoyait d’améliorer l’organisation médicale et l’offre de soins, de réguler les dépenses et d’optimiser les recettes. Des objectifs qui semblent loin d’être atteints.

1– Jean-Jacques Coiplet, directeur de l’ARS de Corse, n’a pas souhaité s’exprimer, invoquant le devoir de réserve « lié aux élections ».

AJACCIO

TITULARISATIONS AU CœUR DU CONFLIT

Le nouveau Cref va-t-il engendrer des suppressions de poste ?

À l’hôpital de La Miséricorde, après une semaine de conflit au mois d’avril, la direction et la CFDT s’étaient entendues sur un protocole d’accord prévoyant la titularisation de 32 agents, dont 10 infirmières. Un chiffre bien inférieur aux 168 titularisations revendiquées par le syndicat. Selon le directeur de l’établissement, André-Gwenaël Pors, la titularisation des infirmières reste une priorité, contrairement à celle des aides-soignantes et des ASH, dont l’effectif est jugé « en surnombre ». Les négociations se poursuivent, notamment au sujet du nouveau contrat de retour à l’équilibre financier (Cref) concocté par la direction pour résorber le déficit structurel, évalué à 14 millions d’euros. Si cette dernière évoque une « réorganisation du travail », le syndicat craint des suppressions de poste. M. D.