PLAIES ET CICATRISATION
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES… COLLOQUES
Fin mars, à Montpellier, pour leur première rencontre nationale, les infirmières référentes en plaies et cicatrisation ont évoqué les obstacles qui jalonnent leur pratique au quotidien, et leur volonté d’améliorer les soins et le suivi apportés dans ce domaine.
Il était logique que cette première rencontre nationale des infirmières référentes en plaies et cicatrisation se tienne à Montpellier. C’est là que la dénomination « plaies et cicatrisation » est apparue, en 1994. C’est aussi au CHRU de Montpellier qu’est née la première unité médico-chirurgicale dédiée, en 2010. Rien d’étonnant non plus à ce que cette journée, le 30 mars, soit organisée par Sylvie Palmier, infirmière référente en plaies et cicatrisation depuis douze ans dans cet hôpital, et pionnière en la matière, avec Françoise Estric, sa directrice des soins chargée de l’organisation paramédicale.
Si les intervenantes ont relaté des parcours variés, elles dressent toutes le même constat : leur volonté d’améliorer les soins infirmiers apportés aux plaies se heurte à un manque de connaissances en la matière et à des suivis peu satisfaisants. Devant une charge de travail accrue, les infirmières référentes manquent souvent de temps pour gérer toutes les tâches qui leur incombent et, notamment, pour actualiser les protocoles – en matière de pansements, par exemple – et expliquer à plusieurs reprises les traitements, dans des services où le turn-over est important.
Certaines participantes ont témoigné d’un sentiment d’isolement dans leur activité, en particulier quand le médecin référent en matière de plaies n’est pas disponible. Autre obstacle à surmonter : faire reconnaître leurs compétences par les collègues qu’elles sont amenées à conseiller dans les services, comme les médecins, qui n’accueillent pas tous favorablement une consultation infirmière.
Les infirmières impliquées s’accordent à dire que les formations théoriques ne suffisent pas. « Il faut une solide expérience des plaies chroniques et aiguës pour pouvoir aborder des cas complexes », insiste Maryline Crepin, IDE référente en plaies et cicatrisation au CHU de Poitiers. Une fois reconnue, la spécialiste doit néanmoins savoir poser les limites de ses compétences. Dominique Boisrobert, IDE référente au CH de Bourges, prend l’exemple d’une plaie étendue à l’abdomen chez un patient souffrant de cellulite infectieuse, orienté rapidement vers le service d’infectiologie. Savoir qui contacter dans chaque situation est une autre qualité attendue de l’infirmière référente. Les soignantes relèvent cependant de nombreux points positifs. La première satisfaction est le sentiment d’améliorer la qualité des soins et d’agir sur la prévention. « La prévalence des escarres a baissé à l’hôpital de Poitiers ; elles représentent 70 % des plaies que je prends en charge », rapporte Maryline Crépin, qui indique que l’apparition de ce type de plaie est également mieux prévenue en réanimation pédiatrique.
Si les infirmières apprécient la complémentarité avec les équipes, qui reconnaissent leur activité et la mise en œuvre des protocoles les mieux adaptés, certaines craignent que l’absence de financement dédié ne devienne un obstacle à la bonne volonté des professionnels engagés dans cette activité, qui s’inscrit pleinement dans le champ des soins infirmiers.
→ Selon Christophe Debout, responsable de master en sciences cliniques infirmières à l’Ecole des hautes études en santé publique (Ehesp), « l’activité des infirmiers référents en plaies et cicatrisation entre parfaitement dans le champ des pratiques avancées et des protocoles de coopération définis par l’article 51 de la loi HPST du 21 juillet 2009 ». Fondées sur l’expertise clinique de l’infirmière, ces nouvelles fonctions peuvent requérir des activités dérogatoires (diagnostic, prescription de substances médicamenteuses ou d’examens complémentaires) qui nécessitent alors une adaptation de la réglementation, sous la forme d’un protocole de coopération.
À l’heure où la Fédération hospitalière de France s’apprête à promouvoir des recommandations visant à favoriser l’introduction nationale des pratiques avancées dans les métiers paramédicaux, l’expertise en plaies et cicatrisation est un thème qui rassemble de nombreuses infirmières. En s’unissant, elles pourraient mieux faire entendre leurs revendications.