- L'Infirmière Magazine n° 302 du 01/06/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 302 du 01/06/2012

 

ÉDITORIAL

Attendue au tournant

Marisol Touraine, la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé, a dévoilé sa feuille de route pour les prochains mois à l’occasion de l’inauguration d’Hôpital Expo. Pas de grande réforme, mais des « ajustements » et des « aménagements bien négociés » – attendus – afin de mieux digérer les mutations profondes qui ont affecté le monde hospitalier : nouvelle gouvernance instituée par la loi HPST, et T2A (tarification à l’activité). Des mesures concrètes bien ciblées, comme la limitation des dépassements d’honoraires, signant la volonté de faire de l’accès aux soins un engagement prioritaire ; ou encore la fin de la convergence tarifaire et la réintroduction du terme « service public » dans la loi HPST. Prudente et pragmatique, la ministre n’a pas manqué d’envoyer des messages forts, en particulier à l’adresse des professionnels du service public, auquel elle veut « redonner ses lettres de noblesse ». De quoi réconforter les soignants, dans l’immédiat tout du moins.

Pas de grande réforme, donc… On est loin, en effet, des précédents gouvernements de gauche, qui ont vu naître la couverture maladie universelle, le droit au séjour des étrangers gravement malades. Le contexte a changé, le nécessaire contrôle des dépenses, les enjeux de financement et d’organisation d’une médecine performante prennent le pas sur le social, même si la santé des plus précaires se détériore. La tâche de la nouvelle ministre n’en sera pas moins lourde et délicate. Les quelques mesures déjà annoncées, évoquées plus haut, sont loin de faire l’unanimité. Marisol Touraine a, en outre, bien fait comprendre qu’elle entendait se démarquer de ses prédécesseurs par la méthode, en prenant le temps de la concertation. Les professionnels de santé, de plus en plus en souffrance, l’attendent donc de pied ferme. Du côté des infirmières, les revendications sont multiples : reconnaissance salariale en phase avec les compétences, prise en compte de la pénibilité, poursuite de l’universitarisation, développement des deuxièmes parties de carrière…, sans oublier une position claire sur le devenir de l’Ordre !