L'infirmière Magazine n° 302 du 01/06/2012

 

CHIRURGIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Pionnier dans l’offre de chirurgie ambulatoire en France, le centre hospitalier Gaston-Ramon vient de passer à la vitesse supérieure en multipliant son nombre de lits par deux.

En France, seules 30 % des pathologies chirurgicales sont traitées en ambulatoire. Nous sommes avant-derniers en Europe, devant le Portugal. Ce n’est pas très brillant », constate Christian Laloué, chirurgien responsable de pôle chirurgie-obstétrique, chef de service de chirurgie A au centre hospitalier Gaston-Ramon de Sens (89). « Nous sommes restés sur une prise en charge “classique” tandis que d’autres pays encourageaient l’ambulatoire. Les États-Unis et certains pays d’Europe du Nord atteignent, toutes chirurgies confondues, 70 % d’interventions en ambulatoire. » S’il a été, en 1998, un des tout premiers centres hospitaliers de l’Hexagone à offrir une prise en charge de ce type, depuis, l’hôpital de Sens s’était un peu endormi sur ses lauriers, confie le médecin. Entre économies budgétaires et nouvelles préconisations recommandant l’ambulatoire, l’établissement a donc décidé, voilà deux ans, de sortir de son sommeil.

Tout nouveau tout beau

Déménagement du bloc opératoire, suppression de lits dans l’un des services de chirurgie, réaménagement des espaces ont, ainsi, permis de passer de six à douze lits. L’unité est fonctionnelle depuis le 19 mars. Mobilier, lits brancards à hauteur variable, poste de soins, vestiaires, douches, télévision à écran plat dans chaque box… Tout est flambant neuf. Au-delà de cet aménagement, c’est toute la prise en charge du patient et l’organisation du travail infirmier qui ont été refondues. Jusqu’alors, une seule infirmière prenait les patients en charge avant et après les interventions. À terme, l’amplitude horaire de l’unité devrait être de 12 heures contre 7 auparavant et 10 actuellement, selon l’activité. « La viabilité du dispositif est en grande partie fondée sur la poly-compétence et la mobilité des infirmières et des aides-soignantes », explique Sandrine Fourgeux, cadre supérieure de santé, qui a été l’une des chevilles ouvrières de ce projet et a, en outre, piloté la réorganisation du travail.

Détachements planifiés

Pas question de parler de « pool infirmier » dans lequel elle viendrait puiser pour boucler son planning. « Aujourd’hui, une dizaine d’infirmières sont en capacité de travailler dans l’unité. Ce sont des professionnelles aguerries, qui, tout en restant dans leur service de rattachement, peuvent être détachées à l’unité ambulatoire selon la charge de travail. Pour maintenir leur niveau de compétences, elles viennent d’ailleurs régulièrement effectuer des remplacements. Les détachements sont toujours planifiés plusieurs semaines à l’avance et les heures supplémentaires sont compensées ou payées », précise la cadre de santé. Pilier de la « chir-ambu » – elle travaille dans l’unité depuis une quinzaine d’années –, Christine Linguinou, Ibode de formation, avoue avoir eu quelques difficultés d’adaptation : « La charge de travail est plus importante, et les pathologies aussi sont différentes. Au début, il n’est pas évident de travailler avec des collègues que l’on ne connaît pas. On tâtonne. Mais l’on finit par s’y retrouver. » Infirmière de chirurgie, Caroline Fraudin apprécie cette mobilité. « Il faut être très réactive. La chir-ambu est un condensé, mais les patients ont les mêmes besoins et les mêmes inquiétudes que s’ils étaient dans un service classique de chirurgie », note-t-elle. Pour l’heure, l’unité n’a pas atteint son pic d’activité. « Les chirurgiens sont encore réticents à recourir à l’ambulatoire », note le Dr Laloué. Une réserve qui pourrait être bientôt levée, après la révision à la baisse de la T2A en chirurgie classique.