MINISTÈRE DE LA SANTÉ
ACTUALITÉ
La nouvelle ministre socialiste Marisol Touraine s’est attelée à la tâche en annonçant des premières mesures censées restaurer le service public hospitalier.
Pas de vacances, pas de week-ends, des épidémies, des crises sanitaires ; vous n’avez jamais de répit » Lors de la passation de pouvoirs, le 17 mai, Xavier Bertrand a tenu à prévenir celle qui lui succède au ministère de la Santé. Une mise en garde inutile pour Marisol Touraine, 53 ans. Cette normalienne, agrégée de sciences économiques et sociales, spécialiste au sein du PS et à l’Assemblée nationale des affaires sociales et de la santé – elle est secrétaire nationale du PS chargée de ces questions depuis 2009 – connaît l’ampleur de la tâche qui l’attend.
Également en charge des Affaires sociales, Marisol Touraine sera secondée par trois ministres délégués : Dominique Bertinotti pour la famille, Marie-Arlette Carlotti pour les personnes handicapées, et Michel Delaunay pour les personnes âgées et la dépendance.
Dès le soir du 17 mai, la nouvelle ministre s’est rendue aux urgences de l’hôpital de Saint-Denis. Une visite en « hommage » au service public hospitalier. Son attachement à cette notion, malmenée par les récentes réformes, s’est traduit dans les engagements qu’elle a pris, le 22 mai, à l’inauguration du salon Hôpital expo, à Paris.
Dans son premier discours, Marisol Touraine a annoncé vouloir « redonner ses lettres de noblesse au service public hospitalier, dont le terme même devra être réintroduit dans la loi ». La députée d’Indre-et-Loire pose comme « préalable » à toute discussion sur l’avenir de l’hôpital la fin de la convergence tarifaire. « Appliquer la même grille tarifaire aux secteurs public et privé n’a pas de sens, car les missions et les patients sont différents », a-t-elle déclaré.
Autre engagement : garantir l’accès aux soins. Les dépassements d’honoraires seront encadrés ; des négociations, par régions et par spécialités, seront menées d’ici à la fin de l’année. La garantie sera également territoriale : « Personne ne devra se trouver à plus de 30 minutes » d’un service de soins d’urgence. La ministre veut, par ailleurs, instaurer « un pacte de confiance » avec le personnel hospitalier, qui se traduira, notamment, par le rétablissement du dialogue social. Elle a, enfin, souhaité « reconnaître la place du patient au sein de notre système de santé », par un renforcement de la démocratie sanitaire, et « améliorer les parcours de soins pour qu’ils soient mieux adaptés aux pathologies chroniques et aux conséquences du vieillissement de la population ».
Pas de révolution législative en perspective pour Marisol Touraine, mais, selon ses propos, des « évolutions », des « aménagements ». La nouvelle ministre le sait : l’hôpital, las des réformes, « a besoin de stabilité dans les choix, de cohérence dans les actions ». La T2A sera donc maintenue, mais ses « effets inflationnistes » seront corrigés. Quant à la loi HPST, elle fera l’objet d’« ajustements ». Autres chantiers : la réforme de la dépendance, la révision des lois sur la bioéthique, de la loi sur la fin de vie – « il s’agit de permettre d’aider à mourir », a déclaré Marisol Touraine pendant la campagne –, et de la loi sur les soins psychiatriques sans consentement, dont l’article concernant les patients jugés dangereux a été invalidé par le Conseil constitutionnel. La nouvelle ministre doit revoir la copie. Une parmi beaucoup d’autres.
Résilience n’a jamais autant rimé avec impatience. Le syndicat anti-ordre infirmier attendait encore, fin mai, une prise de position du nouveau gouvernement, qui pourrait bien être fatale à l’Ordre. Durant la campagne, François Hollande avait affirmé vouloir rendre facultative la cotisation des infirmiers salariés. L’actuel Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait, quant à lui, adressé un courrier aux contre-ordistes, en décembre, rappelant la proposition de loi déposée par le groupe socialiste à l’Assemblée, convaincu de « l’inefficacité d’une telle structure ». Résilience a donc écrit au Président, au chef du gouvernement et à la ministre de la Santé, les appelant à passer des paroles aux actes.