L'infirmière Magazine n° 302 du 01/06/2012

 

PÉDIATRIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Participation des parents aux soins, techniques de distraction… Les soignantes ont plus d’un tour dans leur sac pour tranquilliser leurs jeunes patients.

Le service des urgences est souvent le « premier contact » de l’enfant avec l’hôpital. Une expérience qui peut être traumatisante pour les jeunes patients. Pour son 25e anniversaire, la Journée des soins infirmiers pédiatriques de Tours, organisée le 10 mai à la faculté de médecine, s’est notamment penchée sur la question de l’angoisse ressentie par les enfants aux urgences. « Il est important de prendre en compte les aspects relationnels et de communication », insiste Isabelle Schély, infirmière aux urgences pédiatriques de l’hôpital Clocheville de Tours.

En 2004, à l’occasion de la construction du nouveau bâtiment des urgences, cette observation attentive des réactions de l’enfant lors de sa prise en charge a permis à l’équipe de déterminer des moyens simples pour réduire l’anxiété, qui majore la douleur provoquée par certains soins. « Certes, les moyens médicamenteux sont très importants pour agir sur la composante sensorielle de la douleur, mais les moyens non médicamenteux sont très efficaces sur la composante émotionnelle et affective de la douleur », poursuit l’infirmière.

Deux salles d’attente

« La réflexion s’est portée en premier lieu sur les conditions d’accueil. On a opté pour l’absence de vitre entre l’agent d’accueil et les parents, pour des sièges où les gens sont assis à la même hauteur », développe Pierre-Baptiste Chimier, son collègue. « On a conçu deux salles d’attente pour éviter que l’angoisse ou l’agacement des uns se transmette aux autres », précise Isabelle Proust, la cadre du service. De son côté, l’infirmière d’accueil et d’orientation gère le flux des patients, aidée par les bénévoles de l’association Les Blouses roses. Pour Isabelle Schely, lorsque l’on s’occupe d’enfants, il faut aussi « tenir compte des parents, qui sont une aide précieuse pour diminuer le stress. Ils sont encouragés à participer aux soins et à ne pas rester spectateurs, car ils pourraient mal le vivre, ce qui augmente l’anxiété de l’enfant. Il est également souhaitable d’éviter de mentir à ce dernier, qui n’est pas dupe et risque de perdre sa confiance en nous. » Dans le même esprit, les soignants essaient de ne pas utiliser d’instrument métallique – comme les pinces, qui impressionnent –, et ont recours à différentes techniques de distraction. L’attention pour l’enfant conduit même les infirmières à découper l’adhésif des patchs, qu’elles appliquent avec une bande qui ne tire pas sur la peau au moment du retrait. Pour tranquilliser leurs jeunes patients, elles comparent l’environnement inquiétant des urgences à la vie courante : les alarmes des instruments avec les klaxons des voitures ; le brassard du tensiomètre avec celui de la piscine. Le principe consiste à convaincre l’enfant qu’il peut maîtriser la situation et y faire face grâce à ses propres ressources.

INCIDENTS DE PRESCRIPTION

UNE RÉFLEXION COLLECTIVE

Souvent générateurs de conflits entre les soignants, les incidents de prescription ont été au cœur d’un travail d’équipe à l’hôpital Clocheville. Trois IDE, trois médecins et une cadre de santé de médecine pédiatrique se sont attelés à ce problème. Les ingrédients étaient déjà réunis pour que prescripteurs et IDE ne se renvoient pas la balle : une culture bien ancrée des groupes de travail, où médecins et IDE se rencontrent régulièrement, et une déclaration systématique d’incident sans intention de pointer la responsabilité individuelle, loin du raisonnement culpabilisateur qui conduit chacun à se protéger contre toute procédure de recours. Le secret est là, selon Isabelle Bourgoin, la cadre du service : « Aborder collectivement un sujet dont on sait qu’il implique plusieurs personnes. »

L. F.-N.