« DES CONDITIONS DE TRAVAIL INSUPPORTABLES » - L'Infirmière Magazine n° 303 du 15/06/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 303 du 15/06/2012

 

PSYCHIATRIE

ACTUALITÉ

Depuis fin mai, le personnel du centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu, à Lyon, reconduit les débrayages pour dénoncer la suroccupation des lits et le manque de moyens et d’effectifs.

Cela fait six mois que nous sommes contraints d’ouvrir des couchettes dans presque tous les services, sans moyens supplémentaires », dénonce Georges Zaragoza, infirmier à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu(1), à Lyon, et délégué syndical CGT. Quand ce n’est pas suffisant, nous ouvrons ponctuellement un dortoir de six lits dans un ancien réfectoire. » Le 29 mai, le personnel de l’hôpital a manifesté pour réclamer des embauches et la fin de la suroccupation des lits. « Les conditions de travail sont insupportables », rapporte Marc Delouche, éducateur spécialisé, membre du syndicat Sud. « On demande des moyens humains très rapidement, poursuit-il. Les accidents découlent aussi du manque d’effectifs. » Deux « graves agressions d’infirmières en quinze jours » ont « mis le feu aux poudres », selon Georges Zaragoza. Le 5 mai, un patient a tenté d’étrangler une soignante et l’a frappée, notamment au visage. Le 19 mai, une infirmière a été soulevée par les cheveux par un patient, qui lui a asséné coups de pied et coups de poing. Selon Georges Zaragoza, on assiste, à Saint-Jean-de-Dieu, à une augmentation des actes de violence due, en partie, à « l’agitation qui règne dans les services ».

Le collectif psychiatrie de la CGT en Rhône-Alpes fait lui aussi état, dans un communiqué daté de fin mai, d’une « recrudescence des violences » dans les services et demande, entre autres, « une augmentation des effectifs, une augmentation du numerus clausus des médecins, une formation initiale de psychiatrie digne de ce nom et un vrai développement des structures extra-hospitalières ».

Équipe mobile

« L’hôpital est suroccupé », reconnaît Jacques Marescaux, directeur général de Saint-Jean-de-Dieu. Le fond du problème, c’est que plusieurs dizaines de patients en attente de foyer médicalisé ou de foyer d’hébergement restent hospitalisés au long cours parce qu’il n’y a pas d’autre solution. Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’un foyer d’accueil médicalisé de 40 à 50 places. »

En attendant, la création d’une équipe mobile a été décidée avec l’ARS pour suivre les patients les plus autonomes, qui pourraient disposer de logements sociaux à côté de l’hôpital. La direction a, par ailleurs, prévu huit embauches en CDD de trois mois. Mais, les postes d’infirmier en psychiatrie sont difficiles à pourvoir à Lyon, ces derniers mois. Un phénomène en partie dû à « de nombreuses créations de postes en psychiatrie dans la région », dont une unité pour malades difficiles, précise le directeur. Les syndicats jugent ces annonces « intéressantes » à long terme, mais « insuffisantes » dans l’immédiat et appellent à de nouveaux débrayages.

1– Le centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu compte 538 lits et places : 368 lits d’hospitalisation à temps complet et 170 places d’hôpital de jour. L’effectif, fin 2010, était de 992 soignants (883,88 équivalents temps plein), dont 395 infirmiers (372,22 ETP).

PRÉCISION

Annabelle Carré tient à préciser que son témoignage, paru dans notre numéro 300, daté du 1er mai, page 6, ne concerne pas l’armée. Les expériences rapportées n’ont pas eu lieu dans des hôpitaux militaires.