L'infirmière Magazine n° 304 du 01/07/2012

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

Allons-nous entrevoir l’espoir de meilleurs lendemains, après la dégradation des conditions de travail que nous subissons ? Dans Le droit à la vulnérabilité(1), deux auteurs se sont penchés sur le sujet. Ils soulignent que l’émergence de nouvelles vulnérabilités est une chance, et un élément déclencheur pour les entreprises, qui vont devoir rebondir et améliorer leurs modes de management. Bien sûr, de tout temps, il y a eu de « bons patrons », qui assuraient un certain confort aux salariés, par humanisme ou par intérêt du travail bien fait, ou les deux. L’entraide fonctionnait. Aujourd’hui, la notion de profit à tout prix nie l’individu et lui fait perdre jusqu’à son identité. Mais, le plus déroutant, c’est que les managers perdent également la leur. Le mode de vie « encore et toujours plus » accentue la fragilité des salariés. En outre, pour aggraver le malaise, s’ajoute bien souvent, de la part de nos parents et/ou de nos grands-parents, une demande croissante d’aide face au handicap ou à la maladie. Comment tenir le coup ? Le « care management » constitue une réponse à ces craintes. Il est la concrétisation d’un changement d’état d’esprit : il s’agit de passer de « l’assistance » à « l’accompagnement ». Ainsi, l’attention est portée, « non pas dans une logique de dépendance mais d’interdépendance, dont chacun tire bénéfice. La personne fragilisée n’est plus un poids mais un partenaire avec qui il est possible de construire. Cette pratique du soin et de l’accompagnement des personnes fragilisées pourrait s’inscrire dans les projets des entreprises pour assurer une forme de protection à un salarié en difficulté à un moment de sa vie. » Ces salariés représentent 8 % des effectifs. Chacun de nous, à tous les niveaux hiérarchiques, est un salarié en devenir de vulnérabilité. « Chaque entreprise doit revisiter l’ordre dans lequel elle doit placer les hommes et les femmes : l’humain, l’entreprise, l’économie ; dans cet ordre-là, sous peine de se retrouver elle-même en état de vulnérabilité, parce qu’elle aura méconnu ce droit pour tous. »

1– De T. Calvat, directeur de la revue Réciproques, et S. Guérin, sociologue. Éditions Michalon, 2011.