L'infirmière Magazine n° 304 du 01/07/2012

 

SANTÉ AU TRAVAIL

ACTUALITÉ

Les soignants ne montrent pas l’exemple, ils rechignent à se faire piquer.

Selon une récente étude menée par des médecins du travail, le taux de couverture vaccinale des professionnels de santé contre la grippe saisonnière a chuté de 42 % depuis la pandémie. Deux ans après, la grippe A(H1N1) continue de faire des ravages : le taux de couverture vaccinale des soignants contre la grippe saisonnière est en chute libre. Selon une étude(1) menée par deux médecins du travail du CHU de Rouen, Jean-François Gehanno et Laetitia Rollin, auprès d’une trentaine d’établissements, il est passé de 19 % en 2008-2009, un an avant la pandémie, à 11 % en 2010-2011, un an après. Sur les quelque 158 000 professionnels de santé concernés, seuls 17 987 ont été vaccinés, contre 30 792 il y a deux ans. Le taux de vaccination a diminué dans tous les établissements, à l’exception du CHU de Besançon (de 7 à 10 %). La diminution est plus brutale dans certains hôpitaux, comme le CHU de Limoges (– 63 %). En moyenne, la baisse est de 42 %. En cause, « l’effet Bachelot ». « On paie la gestion de la pandémie, avec des messages quotidiens et parfois contradictoires », explique le Pr Gehanno. La crainte des effets se­condaires est également très répandue.

Risques et bénéfices

Comment inciter les soignants, pourtant très exposés, à se faire vacciner ? « Il faut leur présenter les bénéfices et les risques de manière honnête », affirme le Pr Gehanno, qui rappelle que le vaccin est efficace à 75 %. Il faudrait également travailler à une « meilleure formation aux risques professionnels, à la faculté de médecine comme en Ifsi ». Mais, pas d’obligation : « Il vaut mieux convaincre. » Convaincre les professionnels, c’est aussi convaincre les patients : selon une étude Kantar Health pour le Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG), présentée mi-juin, 46 % de ceux qui se sont fait vacciner ont suivi les conseils de soignants. Mais, pour la deuxième année consécutive, le taux de vaccination a chuté dans la population générale, passant de 26 % en 2009-2010 à 23,4 % en 2011-2012. Seuls 62 % des plus de 65 ans ont été vaccinés l’hiver dernier, contre 71 % il y a deux ans ; chez les personnes à risque, le taux est passé de 64 % à 49 %. Le GEIG appelle donc les professionnels de santé à se remobiliser d’urgence face à un virus qui atteint, chaque année, 2 à 8 millions de Français et est responsable de 1 500 à 2 000 décès.

1– Le questionnaire a été diffusé en janvier dernier auprès de 150 médecins du travail dans différents hôpitaux ; les résultats ne concernent que la vaccination des professionnels au sein de leur établissement. L’étude a été présentée dans le numéro de juillet de la revue américaine Infection control and hospital epidemiology.