L'infirmière Magazine n° 304 du 01/07/2012

 

PATRIMOINE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Un conservatoire du patrimoine hospitalier vient de voir le jour à Rennes, à l’initiative de soignants à la retraite fiers de retracer l’histoire de la santé en Bretagne.

Du matériel d’anesthésie utilisé au début du XIXe siècle, donné par un médecin libéral de Vannes, deux « poumons d’acier » datant du milieu du XXe siècle, pour aider les personnes atteintes d’une paralysie des muscles respiratoires à respirer, ou encore un appareil révolutionnaire inventé par les ­docteurs Henry et Jouvelet, en 1934, pour effectuer des transfusions sanguines directement du donneur au receveur… Les 500 m2 que vient d’investir le Conservatoire du pa­trimoine hospitalier de Rennes (CPHR)(1) au sein du CHU, inaugurés fin mai, sont remplis de ces vestiges, plus ou moins anciens, de pratiques médicales et hospitalières révolues. Des objets divers et variés qu’Annick Le Mescam, ancienne directrice des soins du CHU de Rennes, et la joyeuse bande de professionnels de santé retraités qu’elle a réussi à fédérer autour d’elle, se sont mis en tête de collecter et, surtout, de valoriser. Pour celle qui est devenue la présidente de l’association créée pour l’occasion, il ne s’agit pas « d’accumuler des affaires poussiéreuses sur des étagères, mais bien de valoriser ce qui peut l’être. C’est une manière de laisser une trace des savoir-faire et de leur évolution ».

Centre de ressources

Pour illustrer le propos de sa collègue bénévole, Daniel Coïc, un ancien infirmier anesthésiste, montre non sans fierté une collection de 63 pacemakers. « On peut voir l’évolution des techniques sur une trentaine d’années, avec des pièces de plus en plus légères, qui passent de 200 à 20 grammes, et de plus en plus performantes », explique-t-il. Le CPHR se veut davantage un centre de ressources qu’un musée. Pour aller dans ce sens, il faut d’abord effectuer un travail méticuleux, mais passionnant, de recherche, de collecte, de restauration parfois, puis de préservation. Depuis novembre dernier, pas moins de 1 500 objets ont déjà rejoint le conservatoire, souvent grâce à des dons. Des particuliers adressent à l’équipe du matériel remisé dans un coin de leur cabinet. Un prothésiste dentaire a, ainsi, proposé trois coffres pleins. Mais le gros des pièces proviennent du CHU lui-même et de la faculté de médecine de Rennes.

Parfois, un objet atterrit de façon anonyme dans le bureau d’Annick Le Mescam, comme cet incroyable plan qui date du 12 juin 1944. Ce jour-là, l’Hôtel-Dieu, en plein centre de la capitale bretonne, subit les bombardements de l’aviation américaine. Les impacts de bombe ont été notés sur le plan par un membre du personnel de l’époque.

Archives du département

Pour Patrick Jehannin, ancien secrétaire général du CHU et bénévole, il est clair que ce document, qui permet de retracer l’histoire de l’hôpital rennais, devra rejoindre les archives départementales. « Ce plan a une valeur historique qui dépasse notre objet de retracer l’histoire de la santé en Bretagne, précise cet ancien cadre. Nous sommes très attachés au respect des compétences institutionnelles. » L’association est encore récente, mais les projets sont déjà nombreux. Les facultés de médecine et d’odontologie sont intéressées pour exploiter le matériel collecté dans un but pédagogique auprès de leurs étudiants. L’école d’Ibode pourrait venir effectuer des travaux pratiques sur place. Une mutuelle du personnel hospitalier souhaiterait, elle, mettre en avant un ancien cabinet dentaire complet pour sensibiliser le jeune public à la prévention. Un bon moyen, pour l’équipe du conservatoire, de participer à la construction d’une mémoire professionnelle.

1– Ouvert sur sollicitation, le CPHR se visitera lors des Journées du patrimoine, en septembre, et lors de la Semaine de la science, en octobre. Contact : 06 63 02 57 42. Fiches descriptives en ligne sur www.cphr.fr