L'infirmière Magazine n° 305 du 15/07/2012

 

JEUX OLYMPIQUES

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Des moyens extraordinaires ont été mis en place pour faire face à une éventuelle catastrophe sanitaire dans la région, étape sur la route des jeux de Londres.

Du 27 juillet au 12 août, les jeux Olympiques de Londres vont générer un fort afflux de sportifs et de spectateurs à l’entrée du tunnel sous la Manche et aux départs et arrivées des ferries vers la Grande-Bretagne, essentiellement dans le Pas-de-Calais. Une zone stratégique, à l’arrière des sites olympiques. À la demande du gouvernement français et sous le pilotage de la direction générale de la santé (DGS), l’organisation sanitaire de la région Nord-Pas-de-Calais, et, de façon plus marginale, de Picardie, Bretagne et Ile-de-France, sera donc modifiée pour faire face à une éventuelle catastrophe sanitaire – attentat ou accident majeur. « Le directeur général de l’ARS Nord-Pas-de-Calais a adressé, en début d’année, des courriers aux centres hospitaliers de première ligne pour que les moyens nécessaires soient évalués », explique le Dr Sandrine Segovia-Kueny, directrice générale adjointe de l’ARS en charge de la santé publique, et haut responsable des situations exceptionnelles pour la zone de défense Nord. En juin, après concertation des équipes, un ordre de mission a été communiqué. Ainsi, tous les établissements publics du Nord et du Pas-de-Calais, à l’exception des hôpitaux les plus éloignés du littoral (Fourmies, Maubeuge et Cambrai), sont réquisitionnés pour trois activités principales : la réanimation, les Samu-Smur et les blocs opératoires. À la clé, une forte mobilisation de personnels, surtout en astreinte. En réanimation, la totalité des lits resteront ouverts pendant les événements. La régulation des Samu 59 et 62 sera renforcée en permanenciers et en médecins régulateurs, indique le Dr Patrick Goldstein, chef du pôle urgence au CHR de Lille. En outre, les Smur de Dunkerque, Boulogne-sur-Mer, Saint-Omer, Montreuil-sur-Mer, Lens, Roubaix, Tourcoing, Armentières, Valenciennes, Douai et Calais (en journée) devront prévoir une équipe supplémentaire ; Arras en aura deux de plus et Lille, trois. Les établissements disposeront, au minimum, d’un bloc supplémentaire – neuf à Lille.

Vacances différées

Côté urgences, Dunkerque et Boulogne-sur-Mer bénéficieront du renfort d’équipes de l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, composées d’un médecin, d’une infirmière et d’une aide-soignante. Et deux postes sanitaires mobiles de deuxième génération(1) seront déployés. Plusieurs exercices de simulation ont été menés dans les établissements. Les astreintes devraient porter sur quelque 300 professionnels, dont une centaine au CHRU de Lille, indique Patrick Goldstein. Selon ce dernier, très peu ont dû aménager leurs dates de congés. « La quasi-totalité du dispositif repose sur des membres du personnel qui seront là. Ils travailleront beaucoup plus,… s’il se passe quelque chose. » Des interrogations ont traversé les services au moment de la préparation du dispositif, reconnaît Philippe Blua, directeur du CH de Calais, qui doit déménager le 16 juillet. Sur les 1 900 agents de l’hôpital, 1 300 à 1 400 sont concernés par le planning spécial JO. Les possibilités de congés ont été limitées et les départs en mai, juin et septembre favorisés. « Nous avons réussi à faire en sorte que tout le monde puisse prendre deux ou trois semaines », déclare-t-il. Les soignants des urgences attendent les jeux avec sérénité. L’élaboration des plannings des astreintes de nuit au Smur s’est faite « sans sacrifices », témoigne Stéphanie, infirmière, qui partira comme prévu juste après le début de la compétition et une astreinte. Cécilia a, quant à elle, volontiers décalé ses vacances en septembre, « pour arranger les collègues », et assurera des astreintes début août. Alors qu’en temps normal, un tiers de l’effectif est en congé à cette période, la proportion de vacanciers sera réduite à un quart cette année.

1– Un équipement permettant de traiter en urgence environ 500 victimes en 24 heures, en cas d’attentat, de catastrophe naturelle, industrielle ou technologique.