ÉDITORIAL
Faut-il s’affoler ? L’hôpital public français vendrait-t-il son âme, en catimini, un peu plus chaque année ? Dernière provocation : accepter un nombre croissant de riches patients étrangers. La boulette est mal passée, les articles ont défrayé la chronique cet été, laissant planer une nouvelle angoisse quant au devenir de notre sacro-saint hôpital public, dont les récentes politiques de restructurations avaient déjà engendré une levée de boucliers, tant chez les soignants que dans la population. S’oriente-t-on vers un système à deux vitesses ? Les fermetures des services non rentables avaient bien secoué l’opinion, le cri d’alerte du Pr Bernard Debré, « l’hôpital public n’est pas à vendre » (novembre 2010), résonne encore dans nos oreilles. Pour cette rentrée, l’épineux dossier des dépassements d’honoraires vient alimenter un peu plus cette grande polémique. La boule de neige ne cesse d’enfler. L’avalanche n’est peut-être pas loin, on le craint. Mais où va l’hôpital ?
Cerise sur le gâteau, donc, l’accord signé par l’AP-HP, début juillet, avec une société d’assurance basée au Liban, Globemed, nouvel interface entre les hôpitaux parisiens et une dizaine de pays du Golfe, venant formaliser l’accueil de riches patients étrangers. L’AP-HM entérine, un mois après, l’accueil d’un millier de ces patients fortunés… Alors quoi, est-on, en plus, en train de vendre l’hôpital public aux riches étrangers ? Il semblerait qu’il y ait plus de peur que de mal. L’hôpital soigne déjà des patients étrangers attirés par la technicité et la qualité de nos soins. La nouveauté réside dans la démarche d’institutionnalisation, d’organisation de cette demande de soins afin d’en tirer un maximum de profit, et ce, en vue de combler une partie des déficits abyssaux des grands hôpitaux… Un mal pour un bien ? Mais, gardons le moral pour cette rentrée, regardons du côté de nos voisins anglais, qui se préparent à exporter certains services du NHS
1– NHS (National Health Service, le service public hospitalier anglais).