L'infirmière Magazine n° 307 du 15/09/2012

 

PÉDIATRIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Le colloque infirmier du Congrès des sociétés médico-chirurgicales de pédiatrie a mis à l’honneur cette pratique infirmière innovante, introduite au CHU de Strasbourg.

Une révélation, personnelle et professionnelle. » Ce sont les mots employés par Joëlle Bonnomet, lors du colloque infirmier organisé en juin, à Bordeaux, dans le cadre du congrès des sociétés médico-chirurgicales de pédiatrie. Ils décrivaient sa découverte de l’hypnose et disaient son enthousiasme. Sa présentation de l’introduction de cette technique dans le service de chirurgie pédiatrique du CHU de Strasbourg, où elle est infirmière anesthésiste, a interpellé l’auditoire. Les réactions y balançaient entre questionnements et encouragements. Car, si l’hypnose commence bien à se développer en pédiatrie, cette technique est encore loin d’être acceptée par l’ensemble des professionnels.

Au bord de la mer

Pour Joëlle Bonnomet, l’aventure a commencé fin 2011, sur la suggestion d’un médecin du service. Après une formation à l’université de Strasbourg, complétée par une autre, centrée sur l’utilisation de l’hypnose avec les enfants, par l’association Sparadrap, elle a mis son apprentissage en pratique à la fin du printemps dernier. L’infirmière anesthésiste a, ainsi, évoqué les deux premiers cas qu’elle a pris en charge. Le premier était celui d’un enfant de 11 ans, accompagné lors d’une opération sous anesthésie locale pour un naevus. « À sa demande, je l’ai amené au bord de la mer, lui ai fait entendre les vagues, le souffle marin… Tout en lui parlant, je passais mon doigt sur son bras, évoquant la chaleur protectrice de l’anesthésie. Résultat, l’enfant nous a dit ne pas avoir eu mal, ne pas avoir ressenti l’anesthésie, seulement une sensation de frottement. Les chirurgiens ont observé que, durant toute l’opération, il frissonnait seulement au niveau de l’abdomen, où se situait le naevus. »

Moins d’anxiété

La soignante a ensuite suivi une adolescente de 16 ans, après deux interventions, orthopédique et thoracique. « Les infirmières m’ont appelée car elle était un peu déprimée ; elle avait une polypnée, souffrait au niveau du thorax et ne bougeait plus. Je l’ai vue quatre fois. Via l’imaginaire, elle s’est retrouvée au bord de la mer pour une promenade, un moment de détente. Au fil des séances, j’ai constaté qu’elle allait mieux. Sa respiration s’est calmée au terme de la première rencontre. Pour la deuxième, elle m’attendait en souriant, et quand je suis partie, elle est sortie marcher. À la fin, elle m’a confié combien ces moments lui avaient fait du bien et m’a raconté que le soir, pour se sentir mieux, elle revoyait les images que nous avions créées ensemble. En hypnose, le sujet est maître de ce que nous pouvons lui apporter. » Diminution de l’anxiété et de la sensation de douleur, baisse de la consommation d’antalgiques, amélioration du bien-être de l’enfant ainsi que de la qualité du suivi post-opératoire, et, même, réduction du temps de cicatrisation… Les apports de l’hypnose, constatés par Joëlle Bonnomet comme par ses collègues, sont nombreux. « Alors qu’au départ, je me suis lancée dans l’aventure sur les conseils d’un chirurgien, a noté l’Iade, aujourd’hui, ce sont les infirmières des services qui m’appellent pour que je passe, surtout lorsqu’un enfant est douloureux en dépit des antalgiques. La collaboration de tous est essentielle », a-t-elle ajouté, répondant à l’auditoire qui l’interrogait sur les modifications de pratiques nées de l’introduction de cette technique.

Bloc, suivi post-opératoire, unités de soins… Joëlle Bonnomet a déjà accompagné plus de 70 enfants. Et elle a fait des émules : dans son service, trois de ses huit collègues Iade souhaitent, à leur tour, se former à l’hypnose. Elle-même aimerait pouvoir suivre des enfants en pré-opératoire. « Nous projetons de créer une consultation hypnose, particulièrement pertinente pour les enfants stressés par l’idée d’une opération », a précisé l’infirmière.