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L’université et le CHU de Limoges ont lancé un diplôme universitaire « sciences infirmières et recherche paramédicale ». D’autres formations devraient prochainement voir le jour.
Retard. Un mot qui a longtemps qualifié la recherche en sciences infirmières en France. Pourtant, depuis 2009, la discipline est en pleine mutation. Réforme LMD, réussite des programmes hospitaliers de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP), création de masters d’infirmière clinicienne de pratiques avancées… Les sciences infirmières « se structurent et gagnent en visibilité », observe Ljiljana Jovic, présidente de l’Association de recherche en soins infirmiers (Arsi).
Dernière avancée : le lancement, annoncé fin août, du premier diplôme universitaire (DU)
Embryon de master, le DU se distingue néanmoins des masters créés ces dernières années par l’École des hautes études en santé publique (Ehesp) avec l’université de la Méditerranée et par le CH Sainte-Anne avec l’université de Versailles-Saint-Quentin. D’abord, parce qu’il est accessible aux infirmiers diplômés en 2012 et pas seulement aux professionnels expérimentés. Il constitue ainsi la « première étape » d’un « cursus complet » en sciences infirmières, affirme Pascale Beloni. Ensuite, parce qu’il est résolument tourné vers la recherche. Alors que les masters existants forment des infirmières de pratiques avancées, les titulaires de ce DU pourront être « référents des projets de recherche paramédicale et infirmière dans leur établissement ».
Ces derniers sont-ils demandeurs ? « Certains établissements sont engagés dans cette démarche depuis longtemps : les CHU de Toulouse, Montpellier, l’AP-HP… », cite Ljiljana Jovic. Et il y a les nouveaux venus, comme le CHU de Limoges, qui a pris le train des PHRIP, et celui de Bordeaux, qui s’apprête à lancer son propre DU en sciences infirmières. « L’engouement pour la recherche ne se limite pas aux CHU », ajoute Christophe Debout, chercheur à l’Ehesp, citant l’exemple du CH du pays de Morlaix, l’un des lauréats du PHRIP 2011. Il faudra pourtant « poser la question des débouchés », insiste-t-il. Côté infirmières, « la demande de formations supérieures est de plus en plus forte », assure la présidente de l’Arsi. Un avis partagé par Christophe Debout. En témoigne l’affluence de candidatures pour le master d’infirmière clinicienne de l’Ehesp, qui va fêter sa 4e année. L’école planche également sur un master en sciences infirmières pour la rentrée 2013.
Étape suivante : le doctorat. Il faudra, pour cela, développer des laboratoires et former des docteurs en sciences infirmières habilités à diriger des recherches. Car, en France, à l’exception de Philippe Delmas, qui exerce aujourd’hui en Suisse, les quelque 200 infirmiers doctorants recensés par l’Arsi en 2009 sont rattachés à des départements de santé publique ou de sciences humaines. Les sciences infirmières doivent encore conquérir leur indépendance.
1– DU ouvert aux autres paramédicaux titulaires d’un DE. Candidatures à envoyer, avant le 31/10, au Service universitaire de formation permanente de l’université de Limoges.