L'infirmière Magazine n° 307 du 15/09/2012

 

HYGIÈNE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Au CH d’Haguenau, le nombre de soignants portant leur alliance a été réduit de moitié en trois ans. Le résultat de nombreuses campagnes d’affichage et opérations de sensibilisation.

Montrez vos mains ! », lance le Dr Olivier Meunier en entrant dans le local des infirmières et aides-soignantes de cardiologie. Les soignantes, amusées, se prêtent volontiers au jeu. Une dizaine de paires de mains se lèvent. Verdict : ni alliance, ni montre, ni bracelet. « Maintenant, on laisse l’alliance à la maison », commente une infirmière. « Ça n’a pas été évident, au départ, confie Cathy Grossholtz, cadre de santé au service cardiologie ; il a fallu du temps pour en arriver là. »

Depuis trois ans, le service hygiène du CH de Haguenau (Bas-Rhin), dirigé par Olivier Meunier, multiplie les actions pour inciter les soignants à laisser tous leurs bijoux au vestiaire. En 2010, un concours d’affiches sur le thème « Zéro bijou à l’hôpital » a été organisé ; l’année suivante, le service hygiène a diffusé une campagne d’affichage intitulée : « Votre alliance, pas si lisse que ça ». Le tout accompagné d’articles dans le bulletin interne de l’hôpital. Cette stratégie a été initiée en 2009, à la suite de la campagne du ministère de la Santé menée, cette année-là, sur le thème « À l’hôpital, tolérance zéro pour les bijoux ».

Pour Olivier Meunier, qui ne cache pas sa fibre pédagogique et communicante, pas question de jouer sur la contrainte : « Il faut fournir des arguments convaincants, et fréquemment, pour défaire des habitudes solidement ancrées. L’alliance, c’est sacré. On a peur de la perdre, et elle garde une forte charge symbolique. » Régulièrement, il se rend dans les services, pour faire passer des messages ou dispenser des formations sur l’hygiène des mains, en jouant sur la proximité, la sympathie et l’humour.

13 % de réfractaires

Pendant longtemps, des préjugés ont prévalu, arguant que les alliances étaient lisses et ne pouvaient donc pas héberger de microbes. Or, rien n’est plus faux. Pour preuve, la photographie en microscopie électronique réalisée, fin 2011, par le service hygiène, avec la faculté de Strasbourg (voir photo). Grossie 5 000 fois, elle montre une alliance qui a été immergée dans un milieu de culture. Résultat : on distingue des streptocoques, ainsi que des anfractuosités et des griffures à la surface du métal, dans lesquelles des colonies microbiennes peuvent aisément (se) nicher… Publiée dans la revue Hygiène, « cette photo a fait le buzz chez les hygiénistes ! », témoigne Olivier Meunier. Elle a ensuite été affichée dans les vingt services de l’hôpital – où officient 1 500 professionnels de santé, dont 500 infirmières. C’est ce dernier argument qui a emporté la conviction d’un bon nombre de soignants. Lors d’une enquête menée en janvier 2012, 13 % d’entre eux portaient leur alliance. Ce chiffre était de 29 % en 2009. Reste à convaincre les réfractaires.

Le réflexe semble plus facile à acquérir chez les jeunes générations. En témoigne Sylvie Zimmer, infirmière dans le service de médecine interne, qui est sortie de l’Ifsi en 2008 : « J’ai peur de perdre mon alliance. Aussi, j’enlève tous mes bijoux en arrivant et je les laisse dans mon sac. » Même rituel chez sa jeune collègue, Lolita Annezo, qui explique : « À l’Ifsi de Saverne, les enseignements insistaient sur l’hygiène des mains. » Pour ceux qui rechignent à laisser leur bague à la maison, la solution est de la porter comme un pendentif autour du cou.

Autre action menée récemment par le service hygiène : la distribution de 1 000 montres « pendantes » aux soignants, qui peuvent les accrocher à la poche de leur blouse. Elles affichent le slogan : « L’équipe opérationnelle d’hygiène libère votre poignet. »