PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ
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Loyer exorbitant, locaux inadaptés, conflits sociaux… Le CH sud-francilien, qui a accueilli ses premiers patients en janvier, dénonce le partenariat public-privé sur lequel il repose.
Le mois d’octobre verra-t-il la reprise des hostilités au CH sud-francilien ? Fin juin, six chirurgiens du service ortho– pédique de cet établissement de Corbeille-Essonnes, qui a accueilli ses premiers patients en janvier dernier, avaient menacé de se mettre en grève de la faim. En cause : la suppression de trois postes infirmiers et le non-remplacement des aides-soignantes dans le service. À la suite d’une rencontre avec Jean-Michel Toulouse, le nouveau directeur, les chirurgiens ont momentanément renoncé à leur projet, mais la tension reste palpable. Ce mois-ci, le directeur, les syndicats ainsi que les représentants de l’association « Sauvons notre hôpital »
C’est le partenariat public-privé (PPP), conclu il y a environ dix ans entre l’État et la société Eiffage, qui fait figure de principal accusé dans cette affaire. Alors qu’Eiffage s’est chargée de la construction et assumera l’entretien et la mise à niveau régulière de l’établissement, l’État s’est engagé à payer un loyer sur une durée de trente ans, au terme de laquelle il deviendra propriétaire de l’hôpital. « Le problème, c’est que les loyers liés à l’entretien et à l’exploitation sont devenus monstrueux. En tout, on atteindra 51 millions d’euros par an en 2013 au lieu des 30 millions prévus initialement. Des coûts qui poussent l’ARS à rogner sur le budget du personnel », dénonce Henri Lelièvre, chirurgien orthopédique et président de l’association « Sauvons notre hôpital », qui dénonce la dangerosité du bâtiment. « En psychiatrie, quatre chambres d’isolement sont déjà totalement détruites ; elles n’ont pas résisté aux patients en crise, développe Franck Banizette, délégué du syndicat Sud-Santé. C’est la même chose pour les portes automatiques, perpétuellement en panne. »
Des accusations jugées « irresponsables » par Jean-Michel Toulouse : « Notre hôpital est encore en phase de rodage. Il est tout à fait normal d’avoir des ajustements à faire. Nous avons une maternité de niveau 3, avec un service de néonatalité. Pensez-vous vraiment que nous serions autorisés à le faire fonctionner si l’hôpital était dangereux ? »
Les deux camps s’accordent néanmoins sur un point : le partenariat public-privé se révèle un échec. « On nous demande d’être une usine à soins, dans une logique d’économies à outrance », lance Christian Del Poso, délégué syndical FO. Sud-Santé réclame le rachat de l’hôpital par l’État. « Si le contrat était viable tel qu’il a été rédigé, je n’aurais pas demandé une rencontre avec Eiffage, lance, quant à lui, Jean-Michel Toulouse. Il est clair que la situation actuelle est loin d’être satisfaisante, et je me battrai pour la faire évoluer. »
Il est rejoint en ce sens par François Crémieux, directeur du pôle établissements à l’ARS d’Ile-de-France, qui estime que « les loyers comprennent une importante part liée à la maintenance et à l’exploitation, ce qui ne permet pas à l’hôpital de commander ses propres travaux et de mettre les entreprises en concurrence ». Cependant, il tient également à calmer les esprits : « Il ne faut pas imaginer, toutefois, que les chiffres vont continuer à augmenter ainsi. Nous devrions très vite arriver à une courbe raisonnable, proche des index classiques. »
La grève de juin a été une réussite pour le service orthopédie. « Nous sommes désormais assez nombreuses en semaine, mais il reste des problèmes le week-end, indique une infirmière
2 – La soignante a tenu à garder l’anonymat.