L'infirmière Magazine n° 308 du 01/10/2012

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

Le changement, ce sera sûrement plus tard pour les infirmières ! Cet automne, c’est le ministère de l’Éducation nationale qui est dans la lumière. Le ministre court les plateaux de télévision pour présenter sa réforme du « mammouth » : plus d’heures de ceci par-ci, plus d’enseignants de cela ajoutés « en urgence » par-là. Les urgences, ce n’est pas à l’hôpital, d’habitude ?

On sait qu’il y a trop d’élèves par classe, pas assez d’enseignants, et que ces derniers ne sont pas assez bien payés. C’est incontestable.

Et où est la santé dans tout ça ? Les Français imaginent-ils le délabrement de pans entiers du système de soins ? Savent-ils que les hôpitaux manquent tous d’infirmières ? Que celles-ci sont condamnées à gagner des clopinettes pour des journées interminables, qu’elles aussi ont fait quatre à cinq années d’études ? On nous rabâche qu’un enseignant du primaire commence à 1 800 euros brut, et qu’il faut vite augmenter ce « salaire de misère ». Les électeurs ont-ils vu la feuille de paie des infirmières, plafonnée à 2 000 euros brut en début de carrière, à peine dopée par des week-ends ou des heures supplémentaires ?

Pourquoi ne prend-on aucune initiative pour les infirmières, alors qu’un foisonnement d’idées vient alerter l’opinion lors des rentrées scolaires ? La ministre des blouses blanches, elle, reste en panne de propositions concrètes sur les salaires et les conditions de travail. Pourquoi ne pas réagir « en urgence » pour les soignants ? Enseignants et soignants : deux poids, deux mesures ? Certains semblent plus écoutés que d’autres. Cela dépendrait-il de leur impact électoral, de leur pouvoir de nuisance en cas de grève ?

« Silence, on soigne… », semble nous murmurer ce ministère, décidément bien amer.