ÉDITORIAL
Des rats déformés par des tumeurs monstrueuses à la une de la presse… La publication, à coups de photos chocs, des résultats d’une étude scientifique menée par le chercheur français Gilles-Éric Séralini sur du maïs OGM de la firme Monsanto a fait l’effet d’une bombe. Mais l’emballement médiatique a très vite été suivi du scepticisme d’une partie de la communauté scientifique. Au moins cette étude a-t-elle le mérite de contraindre les autorités sanitaires à se pencher sur les conclusions de l’équipe caennaise, voire à pousser plus loin les investigations sur la toxicité des OGM. Encore faut-il que lesdites autorités soient elles aussi crédibles. Après des affaires comme celles du Médiator et de la vache folle, il est permis d’en douter. L’Agence européenne de sécurité alimentaire est connue pour être infiltrée par le lobby pro-OGM, et ne jamais mener aucune étude par elle-même… Et l’on s’inquiète d’ailleurs d’apprendre que celle conduite par le chercheur français soit aujourd’hui la première portant sur plus de trois mois (à moins que certaines études ne restent dans le secret des firmes multi-nationales). Une recherche indépendante donc, dont le coût n’est pas si exorbitant au regard de l’enjeu : notre santé et celle des générations futures ! Qu’attendent les politiques ? Il faut dire, aussi, que les enjeux sont colossaux. Déjà, aux États-Unis, où les lobbys s’agitent pour empêcher un étiquetage OGM sur les produits, 80 ?% de l’alimentation non bio contient des OGM. Côté francais, les conclusions de l’Anses, saisie par les ministères de l’Agriculture et de la Santé, pourraient bien obliger le gouvernement à revoir ses positions. Rappelons que la France ne permet pas la culture contenant des OGM mais autorise leur importation. Un sujet à suivre de près par les infirmières, de plus en plus investies d’un rôle de conseil en alimentation auprès des patients (lire p. 20).