L'infirmière Magazine n° 309 du 15/10/2012

 

INFIRMIERS SAPEURS-POMPIERS

ACTUALITÉ

Enquête à l’appui, les infirmiers de sapeurs-pompiers montrent que leurs missions ne désorganisent pas les établissements de soins.

Pouvoir opposer des « données objectives » à ses détracteurs. Voilà ce qui a motivé l’Association nationale des infirmiers de sapeurs-pompiers (Anisp). En mars dernier, elle a mené une enquête sur « l’impact de l’engagement citoyen » des ISP volontaires sur leurs relations avec leurs employeurs, publics ou privés. Ses résultats viennent d’être rendus publics (1). Depuis plusieurs années, les ISP volontaires sont, en effet, accusés de contribuer à la désorganisation des établissements de soins et de mettre les patients en danger.

Absences répétées

À l’été 2011, le syndicat de médecins Samu-Urgences de France publiait, ainsi, un nouveau communiqué dans lequel il dénonçait « les absences répétées de ces infirmiers ». Le syndicat pointait aussi la dangerosité de la double activité, les ISP volontaires arrivant « fatigués après une nuit passée à la caserne ou en intervention ». « On s’est rendu compte qu’ils arrivaient à convaincre, que l’on retrouvait ces propos sans fondement de syndicats dans la bouche du ministre en personne » (2), déplore Cédric Havard, président de l’Anisp. L’association a donc mené sa propre enquête et adressé un questionnaire aux ISP volontaires exerçant en établissements de soins. Elle a obtenu 707 réponses exploitables. Il en ressort que les retards au travail sont plus souvent liés à leur vie familiale qu’à leur activité de sapeur-pompier.

Plannings chamboulés

Par ailleurs, 80 % des infirmiers interrogés sont concernés par un changement de planning pour raisons de service ; parmi eux, 55 % sont amenés à décliner pour cela des demandes de mission formulées par leur service départemental d’incendie et de secours (Sdis), relève aussi l’Anisp. Preuve, selon eux, que les ISP donnent bien la priorité à leur employeur principal. Autre constat : les plannings hospitaliers ne respectent pas le repos de sécurité de 11 heures pour 44 % des sondés. La fatigue découlerait donc, surtout, de la mauvaise organisation des services.

La méthode d’enquête souffre néanmoins d’une faille : les infirmiers peuvent être accusés de manquer d’objectivité. L’association en a conscience, et envisage de confronter, dans un second temps, le point de vue des infirmiers à celui des cadres de santé.

1– L’enquête est en ligne sur le site www.infirmiersapeurpompier.com.

2– En novembre 2011, un rapport de la Cour des comptes sur les Sdis a reproduit un courrier du ministre de la Santé de l’époque, Xavier Bertrand, dans lequel il met l’accent sur la nécessité « d’une alternance acceptable de périodes de travail et de repos », pour les ISP volontaires, notamment.