PSYCHIATRIE
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DU CÔTÉ DES … ÉTABLISSEMENTS
À l’occasion des Journées du patrimoine, mi-septembre, soignants et patients du centre psychiatrique Édouard-Toulouse ont joué les guides.
Le 15 septembre dernier, l’hôpital psychiatrique Édouard-Toulouse, dans les quartiers nord de Marseille, était en ébullition. L’établissement célébrait un double événement : il fêtait ses 50 ans et participait, pour la première fois, aux Journées européennes du patrimoine. « C’est une journée ouverte au public, mais les festivités continuent en interne pendant une semaine », commente Géraldine Passarelli, attachée administrative à la direction. Pour cette première étape, tout le monde est à son poste. Les portes sont ouvertes, l’itinéraire est tracé. Il traversera le théâtre de l’Astronef, les jardins et la cafétéria gérés par le centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), avant un arrêt devant la fresque peinte par des soignants et des malades, devant le Cheval bleu, sculpté par Jean Kurdjian, puis, dans la chapelle, pour admirer une sculpture de Jean Amado. Une tension se lit pourtant sur le visage de certains professionnels : la presse locale a tout récemment relaté le renvoi en correctionnelle d’une chef de service qui avait laissé sortir un patient schizophrène pour quelques jours, période pendant laquelle ce dernier avait assassiné un octo-génaire à Gap, en 2004. Du côté du public, aucune inquiétude ne transparaît pour autant. Depuis le matin, plusieurs visites guidées se sont succédé. Carton plein à chaque fois.
Pour le dernier rendez-vous proposé, quatre groupes d’une dizaine de personnes se forment. Chacun est conduit par un soignant et un patient. « Vous nous excuserez si ce n’est pas parfait. Nous ne sommes pas guides de métier », prévient le Dr Marianne Hodgkinson. D’ailleurs, cette dernière met de côté le protocole. Elle se présente seulement sous son prénom, Marianne. À ses côtés, Patrice, son complice pour la visite. Il connaît bien l’établissement. « Je viens ici depuis 1994, C’est un peu ma deuxième maison », confie-t-il, un peu nerveux. Au fil du parcours, le calme s’installe. À chaque halte, ce dernier débite son texte sans trop de difficulté. Il répond aux questions et relaie parfois sa partenaire concernant les dates et les chiffres marquant l’histoire de l’établissement. Des informations déterrées grâce aux recherches de la documentaliste du centre hospitalier. Les deux guides en herbes évoquent aussi le fonctionnement de l’établissement, l’accueil de jour ou encore le nombre de patients en file active, dont la majorité est suivie à l’extérieur. Sur le plan thérapeutique, l’expérience est bénéfique pour les patients qui se sont prêtés au jeu. « Ce genre de démarche permet un travail sur la prise de parole en public et un travail sur soi », affirme le Dr Hodgkinson. Mais, cette activité stressante n’a pas été proposée à tous les patients. Certains se sont contentés de participer dans les coulisses, en amont ou pendant l’événement.
Autre aspect recherché dans cette journée portes ouvertes : donner un autre aperçu de la psychiatrie. « Il faut reconnaître que ce sont surtout des familles ou des proches qui viennent, souligne le Dr Hodgkinson. Ce que l’on a pu lire dans la presse récemment montre que le regard porté sur la psychiatrie est difficile à changer… Je suis heureuse, toutefois, de voir que des gens du voisinage sont venus. » En témoigne Nadine, une habitante de l’Estaque, un quartier riverain. Toujours au rendez-vous des Journées du patrimoine, elle a choisi, cette fois, de visiter le centre hospitalier Édouard-Toulouse, car elle est « fascinée par la psychologie ».