ACCIDENTELLEMENT VOLONTAIRE - L'Infirmière Magazine n° 310 du 01/11/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 310 du 01/11/2012

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

L’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) a déclaré irrecevables plus de la moitié des plaintes (1) des personnes ayant consommé du Mediator. Effectivement, s’agit-il d’un accident médical ? Un accident médical est un aléa thérapeutique, juridiquement défini. Il peut se comprendre, et l’on peut en dédouaner son ou ses auteur (s) sans que cela porte préjudice à une indemnisation juste et légitime. Tout le monde peut se tromper, même un chirurgien consciencieux et compétent, dans le cadre d’une intervention.

Dans le cas du Mediator, peut-on invoquer un quelconque accident ? Assurément non, puisque la définition même de l’accident est, précisément, qu’il est non seulement involontaire, mais, également, imprévisible. Or, les effets secondaires indésirables graves du Mediator étaient prévisibles. Dès lors qu’on les connaissait de par l’expérience de l’Isoméride (2), commercialisé puis définitivement retiré du marché en 1997, ils étaient, aussi, volontaires. Avoir fait passer le Mediator pour un quasi-glucophage, en tout cas pour un traitement adjuvant contre le diabète de type 2, est une hérésie qu’on ne pouvait ignorer, sauf à ne plus se dire laboratoire pharmaceutique.

La logique du laboratoire a, dans les faits, été celle-ci : les personnes grosses et très grosses (obèses) sont des personnes à fort risque de diabète, surtout si elles ne pratiquent aucune activité physique et sont âgées. Coupons-leur la faim ; elles maigriront, et le risque de diabète sera évité. Pour leur couper la faim, donnons-leur un coupe-faim, une amphétamine métabolisée, le benfluorex : le Mediator. Ce coupe-faim a été proposé comme traitement contre le diabète. C’est ainsi que l’autorisation de mise sur le marché a été obtenue. Alors, que vient faire l’Oniam dans cette affaire qui relève de la justice pénale, puisqu’il s’agit là d’une véritable infraction ?

1- 86 % selon un article du Parisien, début octobre. Un chiffre contesté par l’Oniam, qui avance 52 %.

2- L’Isoméride, comme le Mediator, ont en commun la norfenfluramine, une amphétamine métabolisée.