PRATIQUES > Lors de la 19e conférence nationale de la Société française et francophone des plaies et cicatrisations ont été évoqués les protocoles de coopération, par exemple entre dentiste et IDE, ou IDE et aide-soignante.
« Les points forts des protocoles de coopération sont de sécuriser des pratiques déjà existantes, de dégager du temps médical et de faire évoluer le rôle des professionnels de santé », a résumé Martine Aoustin, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) Languedoc-Roussillon en ouverture de la 19e édition de la conférence nationale Plaies et cicatrisation, le 18?janvier. Elle sait de quoi elle parle puisque sa région a déjà validé cinq protocoles de coopération, dont celui du réseau Cicat-LR (lire dans le dossier de notre numéro 299). Elle a fait le point sur les différents types de protocoles autorisés à ce jour en France et impliquant des infirmières.
La plupart concernent une délégation du médecin vers l’infirmier (pour des actes techniques tels que vaccination ou saisie des images d’échocardiographie, des soins de suivi, notamment concernant les maladies chroniques ou des consultations, et auprès de la personne âgée à domicile). Mais il existe également un protocole délégant des activités du chirurgien-dentiste vers l’infirmière. « Et la délégation peut aussi concerner deux paramédicaux puisqu’un protocole concernant les soins d’élimination fécale chez des patients atteints de troubles neurologiques chroniques de l’infirmière vers l’aide-soignante en Ssiad a été validé en octobre 2014 par la HAS. » À noter : cette délégation doit être prescrite par le médecin.
Comme un appel du pied, la représentante de l’ARS a également rappelé que les agences peuvent autoriser des protocoles déjà mis en place sur d’autres régions, ce qui permet une procédure plus rapide. « Dans ce cas, on ne révise pas l’ensemble du protocole, mais essentiellement la qualité de la formation des professionnels concernés », a-t-elle précisé. La vérification des compétences étant l’un des rôles des agences, outre la validation des besoins locaux et l’accompagnement dans la rédaction des protocoles.
« En France, pour l’infirmière, le DU – bien que non validant – est reconnu par les tutelles », a remarqué le Dr Luc Téot, responsable de l’unité plaies et cicatrisation au CHRU de Montpellier. Le spécialiste a aussi reconnu l’intérêt de la formation permanente et celui des masters en pratiques avancées ou d’infirmière clinicienne spécialisée. « On peut toutefois regretter qu’il n’y ait pas de module plaies et cicatrisations en Ifsi, a-t-il poursuivi. L’enseignement est plus ou moins intégré, de manière non homogène dans les différentes unités d’enseignement, selon le choix de l’école. » Il a également alerté par rapport au fleurissement de formations diffusées en ligne et sans aucune assise universitaire.
Et la formation ne concerne pas que les professionnels, puisque la loi HPST et auparavant l’OMS ont fait de l’éducation thérapeutique une obligation. « Les patients à qui l’on parle et explique régulièrement l’intérêt de leur traitement ont une meilleure adhésion et un meilleur résultat », a remarqué Luc Téot. Un rôle largement dévolu aux infirmières, puisqu’elles assurent le suivi au quotidien des patients. « Ainsi, en matière de contention, les infirmières sont les artistes qui vont convaincre les patients, a fait remarquer Sylvie Meaume, présidente de la Société française et francophone des plaies et cicatrisations. Elles doivent être convaincues pour mieux les convaincre. »
Enfin, Luc Téot a annoncé plusieurs développements à venir en matière de formation, via la SFFPC, tels qu’une validation des acquis de l’expérience et un programme d’e-learning qui devrait être prochainement mis en ligne par l’organisation.