L’infirmier libéral, éducateur de proximité

Comment préserver l’environnement dans sa pratique quotidienne, s’est interrogé Richard Chemla, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Nice (Alpes-Maritimes), et président d’une association de protection de l’environnement marin, lors du 2^e forum régional de l’infirmière libérale en Paca à Nice le 22 janvier. Réponse : par des actes simples mais essentiels, notamment dans la gestion des déchets, pour lesquels les Idels ont la responsabilité du transport et de la traçabilité de l’élimination.

Daom, Dasri et OPCT (lire En savoir +) : l’Idel doit souvent faire preuve d’inventivité. Car si la loi prévoit la gestion de l’ensemble de ces déchets, nombre d’infirmiers présents lors de la conférence ont souligné la difficile mise en œuvre de leurs obligations : difficultés à obtenir des conteneurs de transport, obligation de “sortir avec la poubelle” du domicile du patient en conditionnant les Dasri dans les fameux sacs jaunes, séparation stricte dans le véhicule d’une zone “infectée” et d’une zone “saine”… Sans compter les réticences de certains pharmaciens à respecter leur obligation de recyclage des médicaments via Cyclamed.

Conséquences colossales

Si 19 200 tonnes de médicaments sont recyclés chaque année, les 5 tonnes qui finissent encore dans la nature ont des conséquences colossales sur l’environnement comme sur la santé animale et humaine. Certains médicaments courants, en passant dans l’eau, deviennent de redoutables perturbateurs endocriniens entraînant féminisation des poissons, augmentation de la résistance de certaines bactéries, etc.

Au-delà, alerte Philippe Perrin, éco-infirmier, ces perturbateurs endocriniens sont responsables de pathologies plus graves : décroissance de la fertilité masculine, affaiblissement de la santé des nourrissons, augmentation des maladies chroniques. Philippe Perrin a suivi un double cursus en conseil environnemental afin de sensibiliser ses confrères à leur rôle crucial. La prévention se joue au niveau local par l’observation, l’écoute, la formulation de recommandations sur les éléments correctifs à apporter à l’environnement de vie pour améliorer la santé de chacun. L’Idel a la position et la posture idéales pour ces missions. Dans l’intimité du patient, il peut prendre le temps de l’écouter, lui et sa famille, d’établir une connivence par petites touches au fil des visites, de constater l’existence de sources de pollution, d’alerter si besoin.

L’infirmier libéral, conscient de l’impact de son activité sur l’environnement, peut donc choisir d’avoir un rôle clé dans la prévention de l’environnement comme dans la prévention de la santé de ses patients en rapport avec l’environnement dans lequel ils vivent. Il reste qu’il apparaît urgent que les pouvoirs publics mesurent le peu de réalisme de certaines mesures d’obligation et qu’ils accordent aux infirmiers libéraux davantage de moyens pour accomplir une mission écologique et éducative auprès de chaque patient, chaque jour.

EN SAVOIR

→ LIENS UTILES

– www.dastri.fr

– www.ecoinfirmier.com

– www.asef-asso.fr

→ GLOSSAIRE

– Daom : déchets assimilablesaux ordures ménagères.

– Dasri : déchets d’activités de soins à risque infectieux.

– OPCT : objets et matériels piquants, coupants, tranchants.