L'infirmière Magazine n° 311 du 15/11/2012

 

PROFESSION

ACTUALITÉ

FRANÇOISE VLAEMŸNCK  

Les associations plaident pour une accélération des réformes dans leur champ de spécialisation, afin de renforcer la sécurité des soins.

Bien qu’elles ne représentent qu’un peu moins de 2 % de la profession infirmière, sans les 6 000 Ibode qui exercent actuellement, la très grande majorité des blocs opératoires devraient fermer leurs portes. Maillon essentiel dans la plupart des interventions chirurgicales, ces infirmières spécialisées peinent, cependant, à se faire entendre des pouvoirs publics. Les doléances ne manquent pourtant pas : conditions d’accès à la spécialisation ; sécurisation des soins ; VAE ; exclusivité d’actes ; révision du référentiel de la formation ; reconnaissance au niveau master…

Profitant du Salon infirmier et de la venue de Marisol Touraine, ministre de la Santé, le 25 octobre, l’Union nationale des associations d’Ibode (Unaibode) et l’Association des enseignants des écoles d’infirmier de bloc opératoire (Aeeibo) ont rappelé qu’elles attendaient un certain nombre d’évolutions pour leur spécialisation. Brigitte Ludwig, présidente de l’Unaibode, a, d’ailleurs, confié qu’elle était « très déçue » d’un précédent rendez-vous, en septembre, avec l’équipe de la ministre, car « aucun engagement sérieux » n’avait été pris.

S’agissant de l’accès à la spécialisation, l’Unaibode et l’Aeeibo réclament la suppression pure et simple des deux années d’exercice pour intégrer la formation. Elles ont rappelé qu’en début d’année, le Haut Conseil des professions para-médicales avait donné son feu vert à cette modification et que l’ex-ministre de la Santé, Xavier Bertand, y était également favorable. Or, le projet est toujours en souffrance. Idem pour la VAE, qui donnerait aux infirmières travaillant déjà au bloc la possibilité d’obtenir leur diplôme de spécialisation. « Ces deux dispositifs permettraient la montée en charge des Ibode au sein des blocs et la sécurisation des interventions », indique Brigitte Ludwig. L’Unaibode estime que plus d’une infirmière sur deux exerçant au bloc n’est pas une Ibode. Certains circulants n’auraient même pas le diplôme d’État d’infirmier.

Exercice illégal

L’Ordre a, d’ailleurs, déposé plusieurs plaintes pour exercice illégal de la profession au cours des derniers mois. Cette pratique concerne des établissements privés et publics. Quant aux actes exclusifs, les deux associations souhaitent la publication rapide d’un décret qui confierait, sur prescription du chirurgien, l’installation du patient et certaines sutures aux seules Ibode. Consultée sur cette question, la Fédération des spécialités médicales (FSM) a rendu son avis en septembre, mais ni l’Unaibode ni l’Aeeibo n’ont eu accès à ce rapport…

Les deux présidentes ont également déclaré qu’elles n’avaient toujours pas reçu d’engagement en vue de la réforme du référentiel de formation et de sa reconnaissance au niveau master, sur lesquelles elles planchent depuis de longues années. De son côté, Marisol Touraine a déclaré, lors d’un point presse au Salon infirmier, que « des discussions étaient engagées et que [son] ministère procéderait à une évaluation de l’ensemble de la situation ». Aucun calendrier n’a été fixé.

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