L'infirmière Magazine n° 312 du 01/12/2012

 

PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ

ACTUALITÉ

À Paray-Le-Monial, l’hôpital refuse un partenariat avec la clinique, qui vient de se voir retirer son autorisation de chirurgie. Les postes de 65 salariés sont en jeu.

A Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), l’hôpital public et la clinique privée La Roseraie sont distants de quelques mètres. Cependant, des années de conflits les séparent. La clinique – 90 lits de chirurgie – a été ouverte en 2002 par des médecins. Fin 2006, un hôpital flambant neuf achève d’être construit à ses côtés. Le départ de praticiens et une chute d’activité conduisent à un redressement judiciaire de La Roseraie. « En juin 2010, c’est avec le soutien des autorités sanitaires et des élus locaux que notre groupe a repris la clinique, commente le Dr Christian Le Dorze, président de Vitalia(1). Depuis vingt ans, nous mettons en place des partenariats public-privé. Sur des bassins de population équivalents, comme à Saint-Amand-Montrond (ndlr : dans le Cher), hôpitaux et cliniques se sont réparti les activités. Aux premiers, les urgences, la médecine, la maternité, les soins de suite. Ici, nous voulions concentrer les activités de la clinique sur la chirurgie orthopédique, ophtalmologique, urologique et spécialisée. Mais, l’hôpital, par idéologie, nous a refusé toute négociation. »

Anciennes coopérations

Par voie de presse, la direction de l’hôpital(2) a, au contraire, soutenu que l’arrivée de Vitalia avait cassé d’anciennes coopérations entre les deux établissements. « Le climat d’hostilité était tel que ce sont les médecins orthopédistes libéraux qui ont alors décidé, de leur propre chef, d’arrêter leurs vacations et les tours de garde communs, contre-attaque Christian Le Dorze. Par la suite, l’hôpital n’a plus voulu discuter avec Vitalia. » Sur intervention de la ministre de la Santé, une réunion commune s’est tenue le 5 novembre… et a abouti à une ultime impasse. Le schéma régional d’organisation des soins et le projet régional de santé ne prévoyaient qu’une seule autorisation de chirurgie pour la commune. Pourtant, l’annonce du non-renouvellement de l’exercice exceptionnel de la clinique, qui entraînera sa fermeture, a cueilli à froid la population, les 65 membres du personnel et la directrice de l’établissement, Jany Rulfo : « Nous pensions que l’ARS allait forcer à la mutualisation des moyens. Avec l’utilisation commune des cinq salles du bloc opératoire de l’hôpital, via la création d’un groupe de coopération sanitaire. » « On est prêt à louer une partie de l’hôtellerie de l’hôpital et à utiliser des locaux de la clinique comme centre de soins de suite de moyen séjour », complète Christian Le Dorze. Vitalia a déposé deux référés devant le tribunal administratif de Dijon. Le premier, pour pouvoir reprendre son activité de chirurgie(3). Le second est un recours en contentieux.

1– Groupe d’hospitalisation privé comprenant une trentaine d’établissements en France.

2– La direction de l’hôpital n’a pas donné suite à notre demande d’interview.

3– Actualité à suivre sur notre site Internet, Espaceinfirmier.com.