Attendue depuis de longs mois, la circulaire du 9 novembre relative à la réforme des services de santé au travail laissera à plus d’une infirmière un sentiment d’inachevé. Faut-il le rappeler, la réforme avait déjà déçu. Les infirmières avaient réclamé sans succès, par la voie du GIT(1), plus d’autonomie. Or, elles restent subordonnées à leur employeur, et, contrairement au médecin, n’ont toujours pas de statut protégé. Pourtant, face à la pénurie de praticiens, l’expertise et la prise en charge infimières en matière de risques professionnels ne sont plus à démontrer. Cette forme de reconnaissance(1) aurait dû aller de pair avec une plus grande liberté d’exercice du métier, d’autant plus justifiée que le travail en équipe pluridisciplinaire est plebiscité. Comment comprendre que certains acteurs aient plus que d’autres les coudées franches, dans un contexte où le nombre des maladies professionnelles ne cesse de croître ? Dès qu’il s’agit de faire évoluer le métier d’infirmière, de reconnaître et promouvoir de nouvelles missions, les législations accouchent d’une souris. La circulaire en est une nouvelle illustration. Le texte consacre la possibilité, pour les infirmières, de conduire des entretiens annuels, mais ne règle rien au sujet de sa mise en œuvre. Cette dernière restera fortement dépendante des lieux d’exercice. Si des expériences très concluantes sont menées, là où médecins et infirmières avancent main dans la main, ailleurs, la reconnaissance des comptétences soignantes ne va pas toujours de soi. Ledit entretien risque de se limiter à un questionnaire, conçu par le médecin, avec des cases à cocher (lire l’article p. 6). Une situation qui renforce encore l’inégalité d’accès à la santé pour les salariés, et qui est en contradiction avec les défis de santé publique. Ne soyons pas trop pessimistes. Réjouissons-nous même, puisque le rôle propre infirmier a fait son entrée dans le code de la santé publique en janvier dernier. Bientôt un Master ? Laissez-nous donc rêver !
1– Groupement des infirmières du travail.
2– Voir le Rapport de l’Igas dressant le bilan de la réforme de la médecine du travail, 2007, et le Rapport de la mission Dellacherie, Frimat, Leclercq, « La santé au travail. Vision nouvelle et professions d’avenir ».