L'infirmière Magazine n° 312 du 01/12/2012

 

HÉMODIALYSE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

À la suite d’un événement indésirable, le CHU de Grenoble a créé un petit document plastifié qui permet aux patients dialysés de contacter directement les soignants.

Elle a la taille d’une carte bancaire, tient dans une poche et peut sauver des vies. Au recto de cette carte plastifiée, sont indiqués quatre numéros de téléphone directs pour permettre au patient dialysé d’appeler les soignants à tout moment, de jour comme de nuit, dimanche compris. Au verso, figurent les mentions des signes cliniques qui doivent l’inciter à se saisir rapidement de son combiné : fatigue anormale, fourmillement des extrémités, fièvre, dérobement des membres inférieurs, difficultés à respirer, douleur sur la fistule, pansement de cathéter décollé et/ou mouillé. Céline Rimet et Karine Delmastro, IDE à l’unité fonctionnelle de dialyse ambulatoire du CHU de Grenoble, ont présenté ce « service à la carte » lors du Salon infirmier, le 26 octobre, à Paris.

Pense-bête

Les concepteurs de cette carte pratique, baptisée « Vous êtes dialysé », se sont inspirés d’un pense-bête destiné aux porteurs de greffon rénal. Dans le domaine de l’urgence néphrologique, une carte synthétisant ainsi numéros de téléphone et signes cliniques s’avère inédite – et sans doute unique en France. En quatre mois d’utilisation, quatorze dialyses en astreinte ont été réalisées. Dans deux cas (dont l’un avec des signes d’œdème pulmonaire aigu), le patient dialysé a eu recours à cette carte, et l’a utilisée pour contacter le néphrologue d’astreinte en urgence.

Refonte des documents

L’élaboration de ce support fait suite à un événement indésirable. En janvier 2011, par méconnaissance des signes d’alerte, du n° d’urgence du néphrologue et de la procédure, une patiente a suivi « un parcours inapproprié », et son traitement par dialyse en urgence s’est révélé « trop tardif », retrace Céline Rimet. La cellule qualité de la Clinique universitaire de néphrologie – à laquelle appartient l’unité fonctionnelle de dialyse ambulatoire – est alors intervenue pour « revoir les différents documents remis au patient », précise Karine Delmastro.

Leur relecture fait apparaître des points à améliorer : les signes cliniques d’alerte ne sont pas mentionnés clairement, les numéros de téléphone s’avèrent « peu accessibles » et le format A4, certes lisible, n’est pas pratique pour le rangement. S’engage donc « une refonte sur le fond », avec la constitution d’un document unique, le « livret d’informations », incluant la liste des précautions à prendre, des consignes pour les transports, et les numéros de téléphone (notamment, d’urgence). L’infirmière de dialyse est chargée de l’expliquer oralement aux patients ou à leurs proches, et traçabilité oblige, de noter la date de sa remise. Il s’ajoute au cahier de liaison, où s’inscrivent les rendez-vous. Sur la forme, un effort est fait pour rendre la documentation « beaucoup plus attractive ». En complément, est donc inventée la carte « Vous êtes dialysé », distribuée à partir de la mi-mai 2012.

Pas d’appel inutile

Les infirmières, en particulier Céline Rimet, ont participé à la refonte des documents. Ceux-ci ont été laissés « en jachère », pour que les soignants aient la possibilité d’y « mettre leur patte », par exemple en choisissant des mots plus simples pour faciliter leur emploi par tous les patients. En cas d’appel d’une personne dialysée, c’est souvent une IDE qui décroche et évalue le degré d’urgence de la situation. « Au moment de la présentation de la carte auprès du patient dialysé, nous insistons : il n’y a pas d’appel inutile ou “bête”, le malade ne doit pas craindre d’appeler ou de déranger, précise le médecin Jocelyne Maurizi. Le “tri” se fait toujours après. » Ainsi, ses concepteurs espèrent que l’usage de la carte, éditée grâce à des dons privés, évitera certains passages aux urgences, permettra de prévenir plus rapidement les néphrologues, et raccourcira les parcours de soins.