L'infirmière Magazine n° 313 du 15/12/2012

 

ACCÈS AUX SOINS

ACTUALITÉ

L’Association des médecins urgentistes de France demande au gouvernement un moratoire sur la fermeture des services d’urgences.

En quelques décennies, lenombre de services d’urgences a été divisé par trois ou quatre en France. On est en plein paradoxe. Alors qu’on évolue dans un environnement où il faut avoir accès à tout, partout et à toute heure, l’accès à la santé, qui est le bien le plus précieux, serait, lui, conditionné à la volonté et à la dictature d’une administration gestionnaire. C’est inacceptable ! », tempête Patrick Pelloux, président de l’Amuf(1).

Dans un contexte de rigueur économique et de regroupement des établissements publics, plusieurs des 690 services d’urgence français sont sur la sellette : Juvisy-sur-Orge et Longjumeau (Essonne), de même que Bressuire et Parthenay (Deux-Sèvres). À Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, l’équipe médicale a démissionné afin de protester contre le manque de moyens. À l’hôpital Saint-Louis (AP-HP), le Dr Pierre Taboulet, le chef de service, a claqué la porte pour la même raison.

L’emblématique Hôtel-Dieu (AP-HP) ne fait pas exception : son service des urgences sera fermé en 2013. « Sans doute aurais-je moins contesté la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu si les services appelés à reprendre son activité [les hôpitaux Cochin et Lariboisière] étaient proches et n’étaient pas eux-mêmes déjà submergés par les patients, qui poireautent parfois huit à dix heures avant d’être pris en charge », déclare le président de l’Amuf.

Horaires d’ouverture réduits

Le projet de réduction des horaires d’ouverture de certains services est aussi dans le viseur de l’association. « La notion de services d’urgences que l’on défend est identique à celle que nous avons du service public. On ne peut pas dire aux usagers : “Les urgences seront désormais ouvertes de 8 à 20 heures, vous êtes priés d’avoir une urgence médicale durant cette plage horaire !” Cela n’a pas de sens car, par définition, une urgence ne peut être remise à plus tard », insiste Patrick Pelloux.

Le 28 novembre, à Paris, l’Amuf s’est jointe à la manifestation de la CGT « pour la défense de la protection sociale » et au rassemblement devant l’Hôtel-Dieu. Aucun contact n’a été établi avec le ministère de la Santé. Malgré la promesse d’un accès aux soins d’urgence en moins de trente minutes sur tout le territoire, « le gouvernement continue de mettre en œuvre la loi HPST(2) établie par les précédents dirigeants », déplore l’urgentiste.

1- Association des médecins urgentistes de France (Amuf).

2- Hôpital, patients, santé, territoires (HPST).