L'infirmière Magazine n° 313 du 15/12/2012

 

UNION EUROPÉENNE

ACTUALITÉ

Les conditions d’accès aux formations en soins infirmiers dans l’UE sont en cours de révision.Les associations d’enseignants et d’étudiants redoutent une formation à deux niveaux.

Initiée par le processus de Bologne, en 1999, et la création du cursus licence-master-doctorat, l’harmonisation des formations en soins infirmiers est à nouveau débattue par les instances de l’Union européenne (UE). Reconnaissant l’évolution de la profession au cours des trente dernières années et le nombre croissant de responsabilités des soignantes, la Commission a proposé, dans le cadre de la révision de la directive sur la reconnaissance des qualifications professionnelles, de relever le nombre d’années d’enseignement général suivies par les candidates à l’admission – de dix à douze, l’équivalent du baccalauréat français.

Une disposition que la commission Envi(1) du Parlement européen a retoquée. Motif : le renforcement des conditions d’accès instaurerait de « nouvelles barrières artificielles » à la mobilité des professionnelles au sein de l’UE et irait « à l’encontre de l’objectif consistant à lutter sontre le risque de pénurie de personnel qualifié », rapporte la députée européenne Anja Weisgerber.

« Retour en arrière »

Surtout, insiste la parlementaire allemande, il se heurterait aux différences entre les systèmes scolaires européens. En Allemagne, le niveau seconde suffit pour accéder à une formation d’infirmière technicienne, comparable à celle des aides-soignantes françaises. La grande majorité des députés de la commission Envi, dont les Français, s’est rangée à l’avis des Allemands et a voté un amendement ramenant à dix le nombre d’années d’enseignement général. Les états membres restent libres de relever ce seuil.

Pour les associations européennes d’enseignants et d’étudiants en soins infirmiers, entériner un système de formation à deux niveaux – infirmière technicienne et théoricienne – est un « retour en arrière »(2), allant à l’encontre de la reconnaissance d’une filière académique pour les infirmières. « Plus le niveau de formation est élevé, plus la sécurité des soins est élevée » insiste Jane-Laure Danan, trésorière de la Fédération européenne des enseignants en soins infirmiers. « La directive risque de tirer les choses vers le bas », ajoute-t-elle. Suivant l’exemple de l’Allemagne, des pays de l’Est seraient, selon elle, tentés de créer un niveau de formation inférieur pour les infirmières. « La directive est essentielle pour la mobilité des professionnels de santé. Quelle lisibilité auront ces diplômes ? »

Le Parlement européen, en séance plénière, examinera le texte en mars. Aux infirmières européennes de convaincre les députés d’ici là.

1- Environnement, santé publique et sécurité alimentaire (Envi).

2- Communiqué conjoint du Comité d’entente infirmières et cadres (Cefiec) et de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Nouvelles parutions