GÉRIATRIE
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DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS
L’établissement Bretonneau propose un atelier de jardinage thérapeutique aux patientsde l’hôpital de jour souffrant de troubles cognitifs. Une expérience rare, lancée il y a un an.
Il y a environ cinq mille ans, les Mésopotamiens vantaient déjà les vertus apaisantes des jardins. Employée depuis plusieurs décennies aux États-Unis, au Canada ou au Japon dans le traitement de pathologies comme la maladie d’Alzheimer, l’autisme ou l’hyperactivité des enfants, l’hortithérapie, ou jardinage thérapeutique, est encore peu développée dans les établissements français
« Dans les maisons de retraite, l’horticulture est davantage une activité à visée occupationnelle », explique Sébastien Taffin, cadre de santé du secteur ambulatoire de l’hôpital Bretonneau (Assistance publique-hôpitaux de Paris, AP-HP). Il y a tout juste un an, il décide de lancer l’atelier Flor & Sens pour les patients atteints de troubles cognitifs, tels que la maladie d’Alzheimer, admis en hôpital de jour en soins de suite et réadaptation (HDJ SSR). Sébastien Taffin a présenté cette expérience au Salon infirmier, fin octobre, à Paris, aux côtés de Thérèse Flamand et Bernadette Da Costa, animatrices de l’atelier et respectivement infirmière et aide-soignante à l’HDJ SSR.
À l’origine, un constat : « Lorsqu’un patient présente de l’agitation ou de l’angoisse, le fait de l’emmener dans le jardin le calme », relate le cadre de santé. Passionnées de jardinage, les deux soignantes suivent une courte formation pour apprendre à concevoir un jardin thérapeutique et s’initier à l’aromathérapie. Le petit jardin attenant aux locaux de l’HDJ, peu utilisé, est aménagé et orné de deux anciens berceaux recyclés en jardinières, avec une hauteur adaptée pour les personnes ne pouvant pas se pencher. « Pas facile d’expliquer qu’on a besoin de 400 litres de terreau pour prendre en charge les malades d’Alzheimer ! », confie Sébastien Taffin.
Après de légers contretemps, l’atelier finit par pousser en novembre 2011. Deux groupes d’environ huit patients sont constitués : celui du lundi réunit les malades qui ont présenté les troubles cognitifs les plus importants lors du bilan initial d’évaluation à l’admission en HDJ; celui du jeudi rassemble des patients aux troubles moins importants. Mais tous ont un point commun : « Ce sont des patients anxieux », souligne Sébastien Taffin. Au programme, jardinage en plein air à la belle saison, compositions florales en salle le reste de l’année.
Chaque séance commence par un rappel de la date et de la saison. Ensuite, les animatrices stimulent les sens des patients. Elles les invitent à toucher, sentir et reconnaître les différentes herbes aromatiques ou fleurs qu’elles amènent à tour de rôle. Débroussaillage, élagage, semis, arrangement des bouquets… « Les patients travaillent leur motricité fine », explique Sébastien Taffin. Concentrés sur leur tâche, certains sortent de leur apathie, d’autres s’apaisent. « Il y avait une patiente avec de gros troubles du comportement… Elle se levait tout le temps », raconte Thérèse Flamand. Au bout de trois mois de séances hebdomadaires, « on a réussi à la canaliser, à la garder assise pendant une heure ».
Autre effet bénéfique : « Les patients tissent des liens sociaux. Quand l’un d’entre eux a du mal à prendre en main les ciseaux, un autre lui vient en aide », observe Bernadette Da Costa.
Surtout, ces malades qui souffrent de n’être « plus bons à rien » retrouvent confiance en eux. « Nous avons même eu un monsieur qui, chaque lundi, tenait à ramener son bouquet à sa femme », se souvient Thérèse Flamand. Pour cette dernière, qui, fin octobre, a reçu le trophée infirmier dans la catégorie « gériatrie » pour ce travail, l’atelier permet aussi d’observer « plus finement » les patients et de noter d’éventuels changements de comportement.
Un an après le début des premières séances, l’hortithérapie porte ses fruits. Une expérience très positive, selon le trio de soignants.
En témoignent les évaluations réalisées lors de l’admission des patients, puis à six et douze semaines. « Notre objectif est d’analyser ces évaluations avec une vraie cotation, pour montrer à quel point l’hortithérapie est bénéfique », s’enthousiasme Thérèse Flamand. Histoire de faire germer l’idée dans d’autres établissements.
1- L’hortithérapie est notamment pratiquée au CHUde Nancy, au Centre de cancérologie François-Baclesse de Caen, à l’Institut Curie à Paris, à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (92), au groupe hospitalier La Pitié-Salpêtrière-Charles-Foix (AP-HP).