HANDICAP
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS
Le CHR d’Annecy expérimente un dispositif qui facilite la prise en charge des personnes handicapées en échec de soins. Douze spécialités sont concernées.
C’est une première en France. Depuis le mois d’avril 2012, le centre hospitalier régional d’Annecy (Haute-Savoie) propose aux personnes lourdement handicapées un parcours privilégié d’accès aux soins. Ce dispositif, baptisé « Handiconsult », s’adresse à des patients souvent laissés pour compte par le système de soin traditionnel. En effet, malgré les bonnes volontés, les spécialistes libéraux manquent régulièrement de temps, de moyens et de formation pour les soigner.
Un écueil dont le CHR a pris la mesure il y a trois ans, au cours de discussions avec les familles de personnes handicapées et les établissements médico-sociaux de la région. De nombreuses résidentes de ces instituts n’avaient, par exemple, bénéficié d’aucun suivi gynécologique depuis dix ans. Ce type d’examen exige souvent une préparation très longue, notamment pour calmer l’angoisse des patientes. Or, le médecin peut difficilement leur consacrer une heure et demie de son temps ou leur administrer un traitement sédatif préalable.
Pour en finir avec les « échecs de soins », explique le Dr Jean-Henri Ruel, médecin coordonnateur du projet et chef du service de neurologie, l’équipe de Handiconsult
Au cœur du dispositif, deux infirmières, sur lesquelles « tout repose », affirme le Dr Ruel. Vinca Dupuis et Marie-Claude Grenier ont été recrutées pour leurs « qualités relationnelles, d’écoute, de patience, et leur connaissance du handicap », précise encore Louisa Chevaleyre, cadre supérieure de santé au pôle santé publique et communautaire. De fait, le travail de coordination représente un tiers de leur activité. Pour les soignantes, il s’agit presque d’un « nouveau métier », selon le Dr Ruel.
Mise en contact, par la secrétaire, avec les familles ou les établissements médico-sociaux, l’infirmière évalue avec eux le degré de dépendance du patient – qu’il soit enfant ou adulte, handicapé moteur, visuel, auditif, psychique ou intellectuel. Dans un second temps, la soignante prépare, en amont, la ou les consultations : quel est le comportement du patient en temps normal, et quand il est stressé ? Est-il mobile ? « On peut alors prévoir le temps et le matériel dont on va avoir besoin, comme un lève-personne », indique Vinca Dupuis, qui a commencé sa carrière auprès des personnes handicapées. « Les consultations n’ont jamais de caractère d’urgence », précise-t-elle. Le jour J, l’infirmière peut attendre le patient et son aidant ou son éducateur à l’entrée de l’hôpital avant de les guider vers les différents services. Car, pour le moment, Handiconsult se limite à un bureau réservé à la secrétaire et aux infirmières. Le Dr Ruel aimerait disposer d’un local supplémentaire pour concentrer les consultations au même endroit. L’infirmière assiste également le médecin si besoin, et à condition que le patient accepte sa présence. Il arrive aussi qu’elle se rende, avec le médecin, jusqu’à la structure d’accueil de ce dernier. « C’est très enrichissant de voir le patient dans son élément, il est moins stressé que lors d’un déplacement », observe Vinca Dupuis.
Handiconsult, financé par l’ARS et le conseil général de Haute-Savoie à hauteur de 250 000 euros, dispose d’un budget de fonctionnement jusqu’à début 2014. L’évaluation du dispositif doit, elle, s’arrêter en septembre 2013. D’ici là, à charge pour l’équipe de montrer la preuve de son utilité, avec l’espoir qu’il soit pérennisé et mis en place dans d’autres établissements.
1– L’équipe de Handiconsult est composée de : Dr Jean-Henri Ruel, médecin coordonnateur, Anne-Marie Fabretti, directrice des activités de réseau et de la qualité ; Catherine Tissot, chargée des activités de réseau ; Louisa Chevaleyre, cadre supérieure de santé ; Marie-Claude Grenier et Vinca Dupuis, infirmières coordinatrices ; et Christine Rigobert, secrétaire. Contact : Handiphone, 04 50 63 71 63 ; handiconsult@ch-annecy.fr.