ÉDITORIAL
Mon premier est une maladie silencieuse. Mon deuxième est une pathologie dont la mauvaise prise en charge favorise des AVC, des infarctus du myocarde, des insuffisances cardiaques et rénales. Mon troisième est une maladie récemment retirée de la liste des affections de longue durée (ALD)… Brisons le suspense, il s’agit, bien sûr, de l’hypertension artérielle. Un nouveau cri d’alerte a été lancé envers la ministre de la Santé : la décision de ne plus considérer les formes les plus sévères de l’hypertension artérielle comme des ALD constitue réellement une régression. « C’est une régression de la prévention, et un déni de gravité », selon le Pr Jean-Jacques Mourad, ancien président du Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle. Les 120 000 infarctus du myocarde et les 130 000 AVC annuels n’ont pas su convaincre Marisol Touraine, qui fait la sourde oreille quand elle est interpellée sur la question.
Que faire devant les 21 % d’hypertendus(1) qui déclarent avoir renoncé à la consultation médicale, à l’achat de médicaments ou à une mutuelle pour des raisons financières ? Deux prises en charge différentes, par la Sécurité sociale, pour la même maladie, n’est-ce pas inéquitable ? Les patients diagnostiqués avant la décision du précédent gouvernement de ne plus considérer l’HTA comme ALD sont totalement pris en charge, tandis que les nouveaux n’y ont plus droit… L’argument économique saura peut-être davantage émouvoir notre ministre : le coût lié à la prévention et au suivi des patients hypertendus est sensiblement inférieur à celui du traitement des complications. Espérons que madame Touraine sera à l’écoute en 2013, et que ces injustices seront rapidement réparées.
1- Baromètre de l’hypertension en France « Flash 2012 ».