PHRIP
ACTUALITÉ
Douze projets de recherche infirmière ont été sélectionnés par le ministère dans le cadre du programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale 2012. Au centre des préoccupations, la qualité des soins et la lutte contre la douleur.
L’attente a été longue, mais cela en valait la peine. Dévoilés début décembre, avec six mois de retard par rapport au calendrier habituel, les résultats du programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale 2012 font la part belle aux infirmières. Ces dernières, en effet, portent 12 des 19 projets sélectionnés (voir encadré ci-dessous) par le ministère, contre 10 sur 21 l’année passée. Comme en 2011, les soignantes se sont mobilisées : la recherche infirmière représente les deux tiers des dossiers déposés – 75 sur 112 –, montrant la maturité acquise par la discipline. Cette troisième édition confirme la diversité des préoccupations des professionnelles. Au premier rang desquelles arrivent la qualité des soins et la lutte contre la douleur. Une attention particulière a également été portée aux prises en charge non médicamenteuses.
Ainsi, « l’accompagnement sensoriel auprès de la personne âgée souffrant de la maladie d’Alzheimer » fera l’objet d’une recherche menée au CHU de Nîmes. « L’association de l’hypnose et de la neurostimulation électrique dans la prise en charge des douleurs neuropathiques périphériques chroniques et/ou nociceptives non cancéreuses » sera observée à l’hôpital Saint-Antoine, l’un des quatre établissements de l’AP-HP primés. « L’évaluation de l’incidence de l’éducation thérapeutique pluriprofessionnelle sur la qualité de vie de patients transplantés cardiaques » sera effectuée au groupement hospitalier Pitié-Salpêtrière/Charles-Foix. À l’hôpital Robert-Debré, un projet portera sur l’organisation des soins ; les recherches viseront à valider une « échelle française de triage aux urgences pédiatriques ».
La recherche en santé mentale prend de l’ampleur avec, cette année, trois projets de recherche primés. À l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, il s’agira, par exemple, d’ « évaluer l’efficacité de l’accompagnement des patients présentant une pathologie psychiatrique sur le vécu péri-opératoire ».
Le projet de recherche traitant de « l’évaluation du toucher détente pour réduire la douleur lors du retrait du drain aspiratif de type Redon en pédiatrie », mené au CHU de Limoges, semble être une bonne synthèse des préoccupations affichées par ce PHRIP 2012.
« Il s’agissait, dans un premier temps, de réinvestir le savoir de certaines infirmières, qui avaient été formées au toucher détente. Nous avons mené une première étude à l’été 2011 sur une vingtaine d’enfants, afin d’évaluer l’efficacité du gaz médical Meopa
Pour élaborer son projet, l’infirmière s’est appuyée sur les médecins biostatisticiens de son établissement. Le travail de l’Iade référente douleur a été facilité par sa participation à l’élaboration d’un autre projet de recherche infirmière, porté par un infirmier des urgences pédiatriques du CHU de Limoges. S’intéressant au « vécu douloureux de l’enfant de moins de 3 ans lors du retrait de la poche collectrice d’urines aux urgences », ce projet avait été sélectionné dans le cadre du PHRIP 2011. Autre élément apprécié par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) : sa dimension multicentrique. Les CHU de Bordeaux et de Toulouse seront associés à cette recherche et les membres du personnel concernés seront également formés à la procédure employée. Il s’agira de comparer les deux procédés, toucher détente et gaz Meopa, sur 232 enfants. Comme en 2011, près de 1,2 million d’euros seront alloués sur trois ans au titre de ce programme. Les sommes versées aux centres hospitaliers vont de 5 335 à 122 804 euros. L’appel d’offres pour la session 2013 devrait être bientôt publié, et les porteurs de projet auront jusqu’au mois de mars pour faire parvenir leur dossier complet à la DGOS.
1– Mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote.
Les six autres projets primés : « L’insight du schizophrène ou trouble apparenté lors de l’hospitalisation en psychiatrie » (CHS d’Esquirol) ; « Nouvelle approche infirmière dans la prise en charge des patients schizophrènes » (Hospices civils de Lyon, HCL) ; « Étude portant sur la validation et la pertinence de l’utilisation de l’EVA-A » (CHU de Toulouse) ; « Observatoire des complications chez l’adulte atteint de cancer bénéficiant d’une nutrition parentérale supérieure à 1 mois sur dispositif veineux implantable initiée en hospitalisation » (Centre régional de lutte contre le cancer, Montpellier) ; « Évaluation de la formation des infirmières à la stimulation de l’oralité sur l’acquisition de l’autonomie alimentaire chez les nouveau-nés d’une unité de réanimation néo-natale et néonatalogie » (HCL) ; « Validation d’un outil d’orientation du diagnostic éducatif pour les patients atteints de rhumatismes inflammatoires chroniques : OPERA-STAR (AP-HP) ».
« LE JURY A ENCORE RELEVÉ LA PRÉSENCE DE PROJETS SOUMIS AU PHRIP ALORS QU’ILS N’Y AVAIENT PAS LEUR PLACE. Il s’agissait clairement de projets initialement élaborés pour la recherche clinique, et qui avaient été transformés en projets infirmiers après avoir échoué aux appels à projets médicaux. Leur objet ne concernait pas la recherche en soins. »
PASCALE BELONI
RESPONSABLE DE LA MISSION TRANSVERSALE DE RECHERCHE EN SOINS DU CHU DE LIMOGES ET RAPPORTEUR DANS LE JURY FINAL DU PHRIP