PATRIMOINE
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS
En plein déménagement, l’établissement a fait l’inventaire des milliers d’objets et de meubles accumulés en son sein au fil des siècles. Une vente aux enchères publiques a été organisée.
Le CHU de Dijon (Saône-et-Loire) fait peau neuve. Jusqu’au premier trimestre de l’année 2014, soignants et patients quitteront progressivement le site historique de l’Hôpital général – siège de l’établissement depuis sa fondation, en 1204, par le Duc de Bourgogne – pour rejoindre la cité hospitalière Bocage central et ses quelque 80 000 m2 à l’architecture futuriste. Un déménagement qui s’est accompagné de l’inventaire du patrimoine accumulé au fil des siècles, en collaboration avec le service des Monuments historiques, l’ARS Bourgogne et la mairie de Dijon. « L’inventaire des sites, dont celui de l’Hôpital général, a permis de repérer 3 000 objets, retrouvés dans les services, les réserves, les églises… », explique Adeline Rivière, chargée des collections du CHU.
Plusieurs centaines d’objets d’art et d’histoire ont été protégés au titre des monuments historiques et seront déposés dans des musées. Les objets rattachés à l’histoire de l’établissement seront, quant à eux, précieusement conservés par l’hôpital dans une réserve. Trois cents autres objets ont été cédés lors d’une vente aux enchères publiques, début décembre. Meubles et tableaux religieux du XIXe siècle, faïences, plats à barbe ou encore chemin de croix. « Cette vente aux enchères hétéroclite, issue de plusieurs siècles de donations hospitalières, sort de l’ordinaire », a précisé Me Hugues Cortot, commissaire-priseur, aux antiquaires, professionnels de santé et particuliers qui se sont pressés à l’Hôtel des ventes de Dijon. Parmi les acquéreurs, Raphaël Gimeno, directeur régional pour un prestataire de santé à domicile, a « craqué » pour une commode datant du XIXe siècle. « C’est un souvenir de mes stages d’élève infirmier à l’Hôpital général. Pour moi, ce site a une âme », témoigne-t-il.
Un sentiment de nostalgie partagé par Dominique, qui, dans les années soixante, rendait visite à sa mère, alors infirmière puis surveillante en chirurgie. « Ce lieu, c’était toute une ambiance… Je me souviens de fêtes dans les caves voûtées ! Les enfants du personnel montaient aussi des spectacles avec les petits malades. » Aujourd’hui, Dominique est venue acheter un fauteuil à restaurer, certaine de pouvoir lui offrir une seconde vie. « J’ai bossé dans ces meubles ! », lance Bruno Germain, ex-directeur de l’Hôpital général. « J’avais du mobilier ancien dans mon bureau et des tableaux dans ma cage d’escalier. Je me souviens aussi d’une croix en or et d’un magnifique manuscrit du XVe siècle… C’est bien qu’ils n’aient mis en vente que les objets sans rapport direct avec les soins ou l’histoire de l’hôpital », s’exclame-t-il. Près de 53 000 euros ont ainsi été récoltés, « alors que l’estimation officielle atteignait seulement 25 000 euros, relève Adeline Rivière. Le nom du CHU a certainement aidé ». La somme servira à la mise en valeur du patrimoine restant.
« À l’Hôpital général, des générations de soignants ont caché et conservé des objets », raconte Adeline Rivière. Craignant qu’il soit jeté ou vendu, un chef de service a ainsi camouflé le premier rein artificiel, datant de 1955. Un patrimoine médical aujourd’hui mis en valeur grâce à l’aide de salariés et de retraités passionnés. Deux expositions gratuites sont organisées chaque année dans les vitrines du hall de Bocage central
1- Jusqu’au 15 mars, exposition « Un demi-siècle sur le site du Bocage ».
2- Commande : communication@chu-dijon.fr - (9 € + frais de port).