L'infirmière Magazine n° 316 du 01/02/2013

 

PORTRAIT

ACTUALITÉ

Infirmière au CHU de Toulouse, Pauline Huau est aussi membre de l’équipe de France féminine de baby-foot, qui a disputé la Coupe du monde début janvier, à Nantes.

Un baby-foot, puis un deuxiè­me, un troisième… Il y en a à perte de vue dans cette salle de sport de Nantes. Une centaine en tout, parmi lesquels il est difficile de se frayer un passage.

Au plafond, sont accrochés les drapeaux de 40 pays : France, États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Canada, Iran… Du 3 au 6 janvier, plus de 500 joueurs du monde entier ont disputé la Coupe du monde de « football de table » – l’appellation officielle.

Six heures par semaine

Les matches, annoncés en anglais par le speaker, s’enchaînent dans un concert de cliquetis de barres métalliques. Dans la zone « féminine », la France joue contre les Pays-Bas. Une jeune femme, très concentrée, fixe son adversaire. Pauline Huau, 27 ans, est l’une des stars du baby-foot tricolore. Ce sport, qu’elle a découvert « par hasard, dans un bar avec des copains », l’a vite passionnée. Le palmarès de la jeune femme, infirmière au service de soins intensifs neuro-vasculaires de l’hôpital Purpan, à Toulouse, est impressionnant : championne de France en simple (2011), vice-championne de France en double (2011), championne de France en double mixte (2011, 2012), vice-championne du monde par nations (2012), et championne du monde par nations (2010). À la voir jouer, on n’a pas vraiment envie de l’affronter. D’un but à l’autre, difficile de distinguer la petite balle, qui file à 100 km à l’heure. « Les gens pensent encore que le baby se joue dans un bar, avec une bière à la main et des cacahuètes. Mais, pour moi, c’est du sérieux. On n’est pas à la récré ! », s’énerverait presque la jeune Toulousaine. Ne lui dites surtout pas que le baby-foot n’est pas un sport. « Ça me prend beaucoup de temps, je m’entraîne six heures par semaine, avant ou après le travail. Pour les tournois, j’essaie de m’arranger avec ma cadre et mes collègues de travail. » Tous sont au courant de la « double vie » de Pauline. « Mon organisation les étonne. Je gère de front mon travail, ma carrière de sportive de haut niveau, ainsi que ma vie de famille », décrit cette maman d’un bébé de 8 mois.

Système « débrouille »

Si le baby-foot prend du temps, il représente aussi beaucoup d’argent. « La discipline n’étant pas reconnue(1), je dois payer mes frais. Ça me coûte 1 500 euros chaque année. » Pour limiter les dépenses, l’infirmière toulousaine a adopté son propre « plan de rigueur ». « On dort à deux par lit, on remplit au maximum les chambres d’hôtel, on loge chez des amis, on fait du co-voiturage… » La « débrouille » s’étend jusque dans le choix des tenues : « Le maillot bleu que je porte n’a rien à voir avec ceux de Benzema et de Ribéry… C’est un polo que l’on a acheté en magasin, sur lequel on a floqué le drapeau français et notre nom. »

Toutes ces « misères » de sportif non reconnu n’ont jamais entamé la motivation de Pauline. « Tu sais, quand on entend la Marseillaise sur le podium, on oublie tout ça. On joue pour la France ; le reste, on s’en moque. » Parvenue en demi-finales, son équipe s’est finalement inclinée face à l’Autriche, et a terminé troisième de la compétition(2).

1– La Fédération française de football de table n’est pas officiellement reconnue par le ministère des Sports.

2– L’équipe de France messieurs a été sacrée championne du monde, en s’imposant face aux États-Unis.