PÉDIATRIE
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DU CÔTÉ DES… COLLOQUES
Les soignantes sont encore réticentes à utiliser des échelles pour mesurer la douleur des enfants. Lors de ses journées annuelles, l’association Pédiadol a réaffirmé leur utilité.
L’évaluation de la douleur fait partie intégrante des missions de l’infirmière. C’est également, depuis la loi Kouchner du 4 mars 2002, un droit reconnu des patients. Pourtant, alors qu’une trentaine d’échelles de mesure de la douleur des enfants ont été développées depuis les années 1980, l’évaluation peine à entrer dans les mœurs des soignantes. « Quand on réalise une évaluation des pratiques professionnelles, si le personnel vient de suivre une formation, les échelles sont employées. Mais, quelques années après, voire même quelques mois, peu de soignantes les utilisent encore », a constaté le Dr Élisabeth Fournier-Charrière, pédiatre à l’hôpital Bicêtre (AP-HP). Lors de ses 19es Journées consacrées à la douleur de l’enfant, début décembre, à Paris, l’association Pédiadol a identifié les obstacles à l’emploi des échelles d’évaluation.
Premier frein : la difficulté d’accéder à la « douleur pure », qui, chez l’enfant, peut être cachée par la tristesse et la peur. « La douleur est un phénomène complexe, que l’utilisation d’outils ne va pas simplifier », reconnaît le Dr Barbara Tourniaire, pédiatre à l’hôpital Trousseau (AP-HP). Une synthèse d’études, en 2009, a néanmoins montré que l’évaluation de la douleur permettait d’aller dans le sens d’une amélioration de sa prise en charge. Les échelles aident également les soignantes à ne pas se laisser tromper par leur intuition. « On se dit qu’on sait détecter les émotions des autres. Mais, par exemple, alors qu’on pense que tel enfant a peur, une collègue assure qu’“à elle, il a souri” », relève Élisabeth Fournier-Charrière.
Autre écueil, selon cette dernière : « Si l’on sait qu’une douleur est médicalement expliquée, le score de l’évaluation sera plus faible. » « La douleur n’est pas un danger vital, comme une crise d’asthme. Quand un jeune patient a une fracture, on sait qu’il aura un plâtre. Cela ne nous incite pas à nous mobiliser », constate, pour sa part, Barbara Tourniaire.
Pour Bénédicte Lombart, cadre de santé rattachée à l’unité fonctionnelle d’analgésie pédiatrique de l’hôpital Trousseau (AP-HP) et doctorante, « l’évaluation est une démarche de soins. Elle permet de manifester notre intérêt à l’enfant. Il faut l’observer, se mettre à son niveau. » Faire preuve d’empathie n’est pas toujours facile. « Tous les enfants ne sont pas sympathiques, certains pleurnichent trop. Les parents très anxieux peuvent être pénibles. Parfois, il y a une fatigue compassionnelle », admet Élisabeth Fournier-Charrière.
La formation initiale des soignantes est « réduite à peau de chagrin », a également souligné Bénédicte Lombart. « Et quels modèles ont les jeunes infirmières ? À l’Ifsi, on leur dit d’évaluer, mais, sur le terrain, personne ne le fait. » Pour la cadre, la formation continue, « qui permet de partir de situations concrètes », a montré son efficacité. Mais, sans « volonté collégiale » au sein de l’équipe, elle ne portera pas longtemps ses fruits.