ACTUALITÉ
CHRONIQUE
Un ami s’est récemment vu convié à une formation sur « l’aide-soignant au sein d’une équipe pluridisciplinaire ». Les participants, tous aides-soignants, ont échangé sur leurs rapports avec les autres corps de métiers. Les doléances relatives aux infirmiers se sont vite retrouvé au centre des discussions : dérobades devant les bassins à vider, assignation de soins ne relevant pas des compétences AS, positionnement hiérarchique abusif… Surpris par cette animosité, j’ai questionné mes collègues. On m’a alors parlé de délégation, de collaboration, de responsabilité et de supériorité hiérarchique, sans que personne ne puisse précisément définir ces termes et les rôles de chacun. Pour certains, un rapport de force semble exister entre nos deux professions. Les sentiments des uns à l’égard des autres oscillent entre complicité, respect, peur ou rancœur. Il est vrai que notre formation aborde peu la relation entre infirmier et aide-soignant. Un constat assez étonnant, quand on sait l’importance des uns pour les autres dans notre environnement professionnel. Avec l’arrivée du nouveau programme, ces rapports interprofessionnels sont plus clairement évoqués. La notion de collaboration est précisée et le mot « délégation » aboli. Des Ifsi proposent des temps d’échanges et de discussions communs aux étudiants des deux cursus. La collaboration sera peut-être plus naturelle chez ces nouveaux professionnels. Mais, cela peut-il pour autant diminuer l’écart qui se creuse entre nos deux métiers, induit par le glissement des tâches infirmières vers un versant plus administratif et réflexif ? Ne risque-t-on pas de retrouver un jour les aides-soignants auprès des patients et les infirmiers devant des diagrammes et des dossiers, absorbés dans un rôle de gouverne ?