L'infirmière Magazine n° 316 du 01/02/2013

 

ÉDITORIAL

Plus de quarante ans après la naissance de l’Europe, les accords de Bologne, en 1999, semblaient nous prémunir contre une adaptation fantaisiste du cursus de formation des infirmières au gré des humeurs du législateur. Le cursus Licence-Master-Doctorat est la concrétisation de l’harmonisation des formations en soins infirmiers, telle que le préconise la directive 2005-36. La Commission européenne prévoyait, dans sa proposition de révision de la même directive, de porter à douze années d’enseignement général le prérequis pour accéder à la formation en soins infirmiers. Face à l’augmentation des responsabilités des infirmières, quoi de plus légitime ? Visiblement, ce n’est pas une évidence pour les membres de la commission ENVI(1) du Parlement européen, qui ont récemment retoqué cette mesure à l’initiative de quelques députés allemands, suivis par plusieurs de nos compatriotes, mettant au vote un amendement envisageant non plus douze mais dix années d’enseignement général prérequises. On comprend bien que la pénurie infirmière (il manquerait 150 000 infirmières outre-Rhin) puisse inquiéter nos voisins, et qu’ils cherchent à grossir les effectifs, mais il s’agit là d’un moyen bien désinvolte de garantir les soins à la population. Vision comptable qui privilégie le nombre face à la qualité. Tout est dit. Peu importe que la sécurité et la qualité des soins soient en danger. Les eurodéputés de cette mandature ont solutionné le problème des quotas, leurs successeurs devront faire face à la dégradation des soins et de la santé. À chaque quinquennat son combat et ses conséquences ! Nous pouvons encore nous allier à tous ceux qui se sont déjà mobilisés pour que le vote du 23 janvier réhabilite les intérêts de la profession et de la santé publique. Écrivons, bloguons, twittons, manifestons…, mais, surtout, agissons !

1- Environnement, santé publique et sécurité alimentaire.