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DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS
Le CHU d’Angers propose une formation fondée sur un jeu de rôle aux infirmières qui participeront au dispositif d’annonce du plan cancer.
« Je sais que j’ai un cancer. Le médecin m’a donné une petite feuille, qui explique ce qui va m’arriver. Mais, il m’a aussi dit que je n’aurai pas de poche. Mon oncle a eu la même maladie, on lui a mis une poche, et c’était très compliqué », lance le patient. L’homme a beau faire bonne figure, on le sent stressé. Il parle vite, et mitraille l’infirmière de questions. « Est-ce que je vais perdre mes cheveux et avoir des nausées ? » Lydie Jasmin, infirmière à l’hôpital de jour hépato-uro-digestif du CHU d’Angers (Maine-et-Loire), tente de ne pas se départir de son calme pour expliquer le déroulement de la prise en charge et de la mise en place du traitement de chimiothérapie, tout en restant à l’écoute.
Si l’infirmière est dans son rôle, le patient, lui, est un comédien. Il suit un scénario préparé par l’équipe de formation. Cet entretien est, en effet, une simulation. Plusieurs trames peuvent être jouées par les patients-acteurs : le déni, la régression, la combativité, la maîtrise… Enregistrée et filmée, la consultation est suivie en direct par les formateurs, dans une salle attenante. « Historiquement, la formation par la simulation a été utilisée en anesthésie et en réanimation pour entraîner les soignants à des gestes techniques. Nous nous sommes inspirés de cette méthode pour élaborer cette formation au temps d’accompagnement soignant à l’annonce du cancer. Son objectif est d’améliorer ses connaissances, ses compétences techniques et son comportement », explique le Dr José Hureaux, pneumologue de formation et médecin du Centre de coordination de cancérologie (le 3C) du CHU. Une démarche qui a fait ses preuves, assure le spécialiste. « Lorsqu’on assiste à une démonstration, on retient 30 % de l’information, alors qu’en étant acteur, on en retient 75 %. Bref, sur un temps très court, on peut apprendre mieux et plus rapidement. »
Profitant des installations du centre de simulation en santé de l’établissement, l’équipe a démarré ses premières sessions en 2011 avec des binômes médecin/infirmière souhaitant se former à l’annonce initiale du cancer. Pour les infirmières en charge du temps d’accompagnement soignant, le processus pédagogique est identique. Lorsqu’une soignante exprime le besoin de se former, le 3C fait appel à une équipe d’experts, réunissant une infirmière, un médecin et une psychologue, et sollicite la troupe de théâtre de l’établissement, « Tréteauscope », composée de professionnels en exercice ou à la retraite. La session se déroule en trois temps : briefing sur la démarche et apports théoriques et pratiques ; mise en situation réelle dans le cadre d’un jeu de rôles ; rédaction de transmissions, débriefing avec les experts et évaluation par l’infirmière formée.
Pour Lydie Jasmin, cette formation tombait à pic car, deux jours plus tard, elle devait conduire un entretien avec un « vrai » patient. « J’avais un peu d’appréhension, mais, une fois l’entretien débuté, j’ai totalement oublié que j’avais un comédien face à moi. C’est un bon entraînement, car je m’aperçois qu’on a énormément de choses à dire dans un temps limité. Cela va donc me permettre de mieux m’organiser », confie-t-elle. « L’annonce constitue un moment de crise et de souffrance pour le patient. C’est le point de départ des rapports soignant-soigné, où doit se mettre en place et s’ancrer une relation d’aide et de confiance », commente le Dr Hureaux.
Cette initiative, qui s’inscrit dans le respect du plan cancer et des recommandations de l’HAS, a reçu le grand prix 2012 de l’Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH). À noter que cette formation peut entrer dans le programme de développement professionnel continu (DPC).